DVD Dracula de John Badham

Editeur : Bach Films, octobre 2007.Version : Originale Anglais sous-titrée Français Son : Mono. 1h49.

Supplément :

  • Du sang neuf pour dracula (40 minutes) - Making of du film

 

1913. Pris dans une tempête qui semble venir de nulle part, le capitaine du Demeter et son équipage sont décimés par une créature sanguinaire au large des côtes anglaises. Au petit matin, Mina Van Helsing découvre le corps inanimé d’un homme et le ramène à l’asile d’aliénés que dirige le père de son amie Lucy Seward. Malheureusement pour cette chère Mina, l’homme n’est autre que le Comte Dracula, un puissant vampire dont le but est de faire proliférer sa race maudite.

 

John Badham réussit à humaniser son personnage principal alors que Dracula fait partie de cette série de personnages fantastiques le moins humain possible. C'est un personnage qui donne l'impression d'être humain à l'extérieur pour mieux se confondre avec les autres personnages.

La contamination comme but existentiel

Malgré cette fausse impression c'est un personnage qui reste inhumain à l'intérieur. On retrouve donc cette contradiction entre l'humain et l'inhumain au sein même du portrait de Dracula. Cependant, le portrait que peint le réalisateur est une peinture pour le moins intéressante. En effet, chaque acte commandité par le comte est comme entourée d'une sorte d'halo fantastique, fantasmagorique mais toujours avec une grâce propre au personnage. Le comte est un personnage qui séduit ses victimes pour mieux les contrôler. Ce dernier fait également de même avec la diégèse. Dracula arrive, de part son poids au sein du film, à contrôler la matière filmique. Il contrôle le personnage à la manière du metteur en scène qui dirige ses personnages. Dracula est le véritable metteur en scène de sa propre histoire. Comme nous l'avons souligné au début, le réalisateur arrive a donné une sorte de pseudo humanisation à son personnage principal. En effet, le comte agit, avec Lucy, comme s'il était un véritable humain qui la séduit, lui fait la cour. Contrairement à ce qu'il a fait subir à Mina, Dracula n'use en aucun de ses pouvoirs pour séduire Lucy. Dracula use de son apparence extérieure pour séduire Lucy. Durant la majeure partie du film, Dracula souligne le fait qu'il veut procréer avec elle pour que sa lignée perdure durant des générations, mais également le fait que Lucy sera une épouse qui, de loin, a été la meilleure de toute. Les volontés de Dracula sont la majeure partie des volontés que souhaitent un humain en général : fonder une famille et avoir une épouse. De plus l'acte sexuel qui unis les corps de Dracula et de Lucy nous offre une séquence particulière avec ces deux corps qui flottent littéralement, baignant dans une couleur rouge ayant envahi tout le plan. Ils s'entremêlent dans le sang de la vie mais également celui de la mort puisqu'à travers cet acte, Lucy va devenir comme Dracula : humaine à l'extérieure mais morte à l'intérieure.

John Badham réussit, malgré le sujet, à donner une vision bien élaborée du comte.


L'acousmètre mis à l'épreuve au sein de la matière filmique

Fort du portrait personnel que donne Badham du comte, ce dernier a également donné à la diégèse une forme intéressante surtout d'un point de vue sonore dans un premier temps mais également visuel dans un second temps. Badham use d'un procédé propre au genre fantastique : le détournement. En effet, lorsqu'une scène est concentrée sur le personnage du comte, le réalisateur use d'un procédé, qui plus est simple, pour mettre le spectateur dans une ambiguité certaine. En effet, lors de certaines séquences, l'élément sonore est détourné au profit d'autre chose. Chaque bruit, surtout durant les séquences dans le château, est susceptible de provenir du comte. Or Badham arrive à chaque fois à faire de l'élément sonore, un élément fantastique à part entière. Il ne faut pas prendre chaque " bruit " pour argent comptant. On peut donc parler de l'art du contournement. Le son a une part importante dans le film. En effet, il suffit de regarder la séquence de fin attentivement pour en être sûr. La scène de fin est en fait la fuite spirituelle de Dracula. Nous voyons sa cape qui s'envole et nous entendons un simple cri de chauve-souris. A la fin du film, le comte n'est plus qu'un bruit, qu'un son au sein de la matière filmique. Ce procédé n'est pas nouveau puisqu'on le retrouve cela déjà dans les films de Tourneur et notamment dans son film " Cat People " ou Tourneur réussissait à rendre la matière sonore un élément propre du film et par la même occasion du fantastique. On retrouvait chez ce dernier, l'art de la suggestion car il ne montrait jamais la féline mais il l'a suggéré par divers procédé de mise en scène mais surtout en usant de l'élément sonore.

Outre l'élément sonore, Badham se sert également de l'élément visuel pour manipuler le spectateur. C'est là encore, les séquences dans le château, qui sont visées. A plusieurs reprises, le réalisateur met en scène des personnages évoluant dans le château vide attendant le comte. Le spectateur sait pertinemment que le comte se transforme à volonté. Pour cela, le réalisateur n'hésite pas, lors d'une séquence mettant en scène Lucy, à nous offrir un plan venant du plafond, filmant en plan rapproché une toile d'araignée. Sur cette toile évolue une araignée qui évolue librement, tout comme Dracula évolue librement au sein de la diégèse. Nous avons donc l'impression que l'araignée a capturé Lucy dans sa propre toile. Le spectateur peut croire que l'araignée n'est en fait qu'une des multiples transformations du comte. Or dans le plan suivant, le comte apparaît en " chair et en os ". Illusion ou réalité ? Les sens du spectateur sont donc mis à rude épreuves dans ce film.


Procédés de mise en scène hétérogènes

Pour son film, Badham use de différents procédés de mise en scène. En effet, ce dernier n'adopte pas un style homogène englobant tout le film bien au contraire. Durant toute la durée du film, le spectateur est confronté a de multiples parti pris esthétiques complètement différent. En effet, Badham n'hésite à offrir, lors de certaines séquences, des passages d'une caméra objective à une caméra subjective, faisant complètement basculé le spectateur de son siège au sein même du film. Badham opte lors de certaines séquences pour une caméra à l'épaule à la manière de la nouvelle vague. Le réalisateur pousse le procèdé plus loin en nous offrant des séquences au ralenti à la manière de John Woo. En effet, lors de la séquence ou Dracula tente de s'enfuir de l'Angleterre, le spectateur assiste à une course poursuite entre la calèche et les protagonistes voulant la mort du comte. Lorsque la calèche heurte un caillou, le cochet est expulsé de la calèche. Alors que la scène aurait pu montrer l'acteur se faisant expulser de manière simple, le réalisateur use du ralenti pour montrer la chute du cochet. On retrouve également une séquence semblable lorsque Dracula vient rendre un dernier hommage à Mina. Ce dernier arrive du fond du plan sur un cheval. La scène est certes découpée mais les passages avec Dracula sont au ralenti. John Badham se sert du film comme support d'expérimentation pour la mise en scène. Certains passages s'ancre parfaitement avec cette volonté, cependant certaines " bute " vis-à-vis de ce système comme par exemple la scène de la course-poursuite qui vient comme un plan de trop.

John Badham donne à son film une vision personnelle de l'œuvre de Stoker de par son travail sur la matière filmique (sonore et visuel). Il se permet également un travail sur la mise en scène en optant pour des procédés hétérogènes, tantôt s'ancrant parfaitement avec la diégèse, tantôt butant sur cette dernière.

 

 

Anthony Boscher le 1/12/2007

Du sang neuf pour dracula (40 minutes) - Making of du film

Ce documentaire décrit le tournage du film dans les moindres détails. Nous apprenons par exemple que l'équipe technique a tourné quelques plans en France notamment au Mont Saint-Michel. Nous apprenons également qu'il y a eut un grand travail au point de vue des costumes. Chaque membre de l'équipe technique avait son point de vue sur le film mais au final ils ont réussis à faire un film à part. Les protagonistes interviewés avouent qu'il s'agit plus d'un film de romance plus qu'un film d'horreur. Frank Langella avoue qu'il n'a pas voulu se laisser marquer par le personnage de Dracula comme cela avait été le cas pour Bella Lugosi.

Un bonus très instructif sur les dessous du film, cependant nous regretterons la qualité de l'image du DVD que se soit pour les bonus ou bien pour le film. Le film donne l'impression d'avoir été recadré ce qui au final nuit un peu à l'ambiance du film. Nous déplorons également des passages de films non sous-titrés durant les bonus.

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Dracula de John Badham