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Un appartement vide, inhabité et trois personnages, deux hommes et
une femme, également vides et inhabités. Squatteurs de leur
propre vie, ils sont comme chez eux dans l'espace impersonnel grand standing.
S'engage un chassé croisé sans paroles qui n'a pas grand chose
d'amoureux entre Hsiao Kang, le démarcheur pour le compte des pompes
funèbres, Ah Jung, le marchand de rue à la petite semaine et
May, l'agent immobilier chargée de trouver acheteur pour l'appartement
en question.
Traitant du mal d'aimer vécu par des personnages jeunes et paumés, Vive
l'amour pousse à l'extrême le cinéma moderne de l'incommunicabilité
et de la vacuité. La structure du film est pourtant beaucoup moins
complexe que chez Antonioni (Blow-up ou
profession reporter par
exemple). Tsai Ming-liang vient après la génération de
la Nouvelle vague taïwanaise (Hou Hsiao-hsien, Edward Yang, Wan Jen)
et, dans de longues scènes maniéristes, il est surtout attentif
à la saisie des bruits (Il se passe presque vingt minutes sans un mot
mais, en revanche, ou serait-ce en conséquence, on plonge illico dans
un environnement incroyablement sonore qui va du ronron indifférent
et agaçant de la ville tout autour, Taipei, jusqu'au grincement de
chaussures sur le parquet tout neuf) des gestes (May ouvre le robinet avec
son pied) ou des signes (Assis sur les toilettes, Ah-jung aperçoit
du poil dans le fond d'eau qui se vide du jacuzzi et soupçonne ainsi
pour la première fois la présence clandestine de Hsiao-kang).
Les sons, quelques gestes et quelques signes voilà tout ce qui existe pour ces personnages pour qui l'amour et la mort sont hors de porté (lorsque Hsiao-kang tente de se suicider, May et Ah-jung procèdent, absents, aux premiers attouchements puis, Hsiao-kang, ahuri, sous le lit, pendant les ébats des deux autres). Dans ses films suivants, Tsai Ming-liang exploitera plus encore le thème de l'eau qui coule associée à la vie qui va. Ici, dans le dernier plan, May en larmes, longuement, se vide.
Notes : Analyse reprise en grande partie de l'article de Camille Nevers dans les Cahiers du cinéma n°490, avril 1995.