Hsiao-Kang, un réalisateur taïwanais est venu à Paris avec sa mère gravement malade. Dans son petit appartement il est en proie à un robinet qui fuit. Sa productrice vient lui rendre visite.
Dans un cimetière Antoine dort, la productrice le regarde. Il rêve d'un paysage enneigée dans lequel un cerf apparaît puis de belles jeunes femmes qui chantent en chinois puis en espagnol. Il récupère un oiseau tombé du nid
La productrice est en colère, elle a perdu sa chaussure dans une neige de mousse et Antoine a disparu. Il aurait eu un accident et serait défiguré lui dit-on au téléphone
Hsiao-Kang souhaite que la peau de Laetitia Casta soit translucide.
Le réalisateur discute avec Antoine qui lui offre titi, le petit oiseau recueilli. ils s'échangent des noms de cinéastes
Laetitia Casta scotche en noir une fenêtre, puis plus tard une glace et enfin une immense glace.
La mère du réalisateur meurt. Elle est incinérée en France. L'une des surs retire les morceaux de viande moisie du frigidaire. Une autre sur les remet.
Hsiao-Kang est rentré à Taipai pour les funérailles et semble s'être enfermé dans un long sommeil. La productrice vient à Tapei le rechercher.
La productrice lit un beau livre consacré à Truffaut. Avec Jeanne Moreau et Nathalie Baye, elle est conviée à un curieux dîner
Dans un buisson, le réalisateur fait l'amour avec un homme. Il est sans cesse dérangé par son téléphone.
Le cerf s'est échappé. La productrice en cherche un, empaillé, dans les sous-sol du Louvre. Laetitia Casta embrasse son amant chinois. Le réalisateur la suit dans un égout d'eau propre où, habillé d'orange, elle embrasse son amant sur un matelas à la lumière d'un briquet.
Hsiao-Kang a peut-être séquestré l'amant de Laetitia auquel il apporte à manger alors que son visage est recouvert de plâtre
Dans les réserves du musée, Laetitia Casta, au-dessus du monte-charge, tente de se dépêtrer de la lourde traîne de sa robe, incrustée de colifichets d'or. Transformée en la reine Hérodiade, elle reproche au réalisateur de ne pas la voir, sans quoi, il l'aurait aimée.
Antoine aimerait séduire Fanny Ardant. Dans le doute du charme qui pourrait opérer, il préfère s'enfuir. Fanny Ardent court à sa poursuite.
Salomé contraint Hsiao-Kang à s'allonger dans une baignoire environnée de sac de glace, elle le recouvre d'un plastique et laisse tomber de la sauce tomate qui ressemble à du sang. Elle danse de plus en plus dénudée avec deux femmes aussi belles que démoniaque au milieu de crochets de boucher. Elle approche son visage de Kang et recouvre leur deux têtes sous un voile.
Antoine s'echappe des sous-sol du musée sous le Saint Jean-Baptiste de Leonard de Vinci.
Dans les jardins du Luxembourg déserts, Kang et son régisseur ont retrouvé le cerf et tentent de le ramener au centre de l'image.
Visage raconte l'épopée burlesque d'un jeune cinéaste homosexuel venant en France tourner un film produit par Fanny Ardent et ayant pour acteur principal Jean-Pierre Leaud, interprète d'Hérode et Laetitia Casta dans le rôle de Salomé.
Visage est aussi un hommage aux morts, à la mère du cinéaste, à François Truffaut et saint Jean-Baptiste. Visage est enfin une proposition plastique fait de séquences-performances autour d'une commande du musée du Louvre.
Un film burlesque
Nombre de séquence du film sont parfaitement burlesques ainsi du robinet qui fuit dans des jets d'eau de plus en plus puissant chez Hsiao-Kang qu'il essaie de colmater avec un seau, uen serviette, un ballet brosse avant de renoncer pour rejoindre sa mère mourante.
Tout aussi hilarantes, les séquences où Fanny Ardent perd sa chaussure dans un étang de neige de mousse, l'échange de noms de cinéastes entre Hsiao-Kang et Antoine, la séquence de fellation interrompue par les sonneries du téléphone ou les paquets de viandes sortis un à un du frigo par l'une des surs avant d'être remis tout aussi lentement par une autre des soeurs.
Cérémonies funéraires
Le ton du film se fait progressivement plus funèbre avec la mort de la mère à laquelle sont associées les disparitions de François Truffaut et l'évocation des actrices de ses films et de leur vieillissement. Les trois séquences où Laetitia Casta scotche en noir une fenêtre, puis plus tard une glace et enfin une immense glace sont une préparation au rite funéraire qui marquera la mort de la mère et les objets brûlés.
Sans Truffaut, ses actrices attendent dans une grande pièce vide le début d'un banquet qui ne viendra jamais.
Propositions plastiques
Profitant de la commande du Louvre, Tsai Ming-liang réaffirme ses obsessions plastiques... à commencer par les matières : le plastique qui recouvre Kang Saint Jean-baptiste ou celui qui recouvre les morceaux de viande du frigo, la mousse et la glace et l'eau bien sur avec l'amant chinois de Laetitia sur un matelas, comme à la fin de I don't want to sleep alone.
Dans le jeu entre les acteurs et réalisateur, c'est ce dernier qui assume le rôle de la victime et du saint. Kang, qui a rejeté les avances d'Hérodiade (Laetitia Casta dans sa robe d'or), se retrouve dans la baignoire prêt pour le sacrifice qui sera la récompense de la danse de Salomé : sa tête sur un plateau.
En traçant un fil reliant la jeunesse du saint et du jeune metteur en scène à l'acteur vieillissant commandant une mort du saint beaucoup moins jeune que sur le tableau de Léonard, Tsai Ming-liang suggère des rapprochements temporels toujours possible entre la veille peinture et le jeune cinéma comme entre les jeunes et les vieux metteurs en scène, les actrices d'aujourd'hui et celles du passé. Les premiers ayant toujours besoin des seconds pour exorciser la mort à l'oeuvre.
Kang : saint Jean-Baptiste décapité
en récompense de la danse de Salomé sur la demande d'Hérodiade,
toutes deux jouées par Laetitia Casta.
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Antoine: Hérode, bourreau de saint Jean-Baptiste,
toujours jeune par la grâce de l'art .
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