Croulant sous les dettes, le producteur de Broadway, Gordon Miller a logé sa troupe dans un hôtel où est préparé un spectacle qui doit absolument connaître le succès. Pour gagner le délai nécessaire et échapper aux créanciers, tous les prétextes sont bons afin de séjourner dans cet hôtel. Mais le gérant est impatient de les voir partir...

Adaptation de la pièce de théâtre éponyme dont l'achat des droits avait coûté, à l'époque, plusieurs milliers de dollars.

Un décor, une parole

L'empreinte théâtrale est très marquée puisque la majeure partie des actions se déroule dans la chambre d'hôtel de Groucho. Il n'y aura seulement que deux séquences qui nous emmènerons vers l'extérieur. Le film peut donc se restreindre à un seul et unique lieu où des gags plus où moins bien agencés vont s'enchaîner. Certaines situations sont à l'image des frères Marx c'est-à-dire complètement farfelue à l'image de la séquence où Groucho tente par tous les moyens d'inculquer la rougeole à Davis. Même si les situations comiques s'enchaînent plus ou moins bien, cela n'empêche pas certaines faiblesses notamment du point de vue du montage. Il n'est pas rare de voir des scènes mal raccordées ce qui inculque une sorte de coupure dans l'action, ce qui empêche les scènes de respirer et de trouver un nouvel essor. Le film étant réalisé en 1938, il n'échappe pas à la vague du parlant. Ce phénomène apparaît comme une malédiction pour des films de ce genre. Même si l'on peut jouer sur le verbe et le phraser pour introduite des quiproquos, ce procédé empêche le corps de s'exprimer pleinement et de se développer au sein du plan. Il faudra donc attendre la seule séquence muette du film pour enfin trouver la seule partie réussie du film.

Et une séquence

Cette séquence se situe vers le milieu du film lorsque le groom, en échange d'un rôle dans la pièce, leur apporte un repas dans la chambre d'hôtel. Cet instant muet est accompagné d'une " musique de bruit " c'est-à-dire de bruits provenant d'objets. Les corps des personnages exécutant les mêmes mouvements de manière répéter forment une sorte de symbiose avec le cadre. L'inconvénient de la parole écarté, le corps peut se permettre de prendre son aise et ainsi de tenter de s'extraire et ainsi de former une nouvelle matière pour se mettre au premier plan à la manière d'un Chaplin par exemple. Cette séquence peut nous permettre de ré-embrayer sur le statut du parlant dans les films burlesques. Il est clair que dans ce film, l'usage de la parole n'est d'utilité que pour mettre en place certains quiproquos, le reste n'étant le fruit que du génie comique des frères Marx. Reste cette séquence ovni qui permet à l'ère classique de reprendre ses droits. Comme le disait si bien Chaplin : " Le parlant est aussi nécessaire au cinéma que des paroles aux symphonies de Beethoven ".

La jolie présence féminine de Lucile Ball et Ann Miller illumine ce film.

 

Anthony Boscher le 10/10/2008

 

 

Test du DVD

Editeur : Montparnasse. Octobre 2008. Master restauré, Format 4/3 - Noir & Blanc – Mono Sous-titres français. DVD PAL - Zone 2.

   

Présentation brève mais riche d'informations de Serge Bromberg.

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Panique à l'hôtel

(Room Service). Avec : Groucho Marx (Gordon Miller), Chico Marx (Harry Binelli), Harpo Marx (Faker), Lucille Ball (Christine), Ann Miller (Hilda), Frank Albertson (Leo Davis), Cliff Dunstan (Joseph Gribble), Donald MacBride (Gregory Wagner), Philip Loeb (Timothy Hogarth), Philip Wood (Simon Jenkins). 1h18.

1938
dvd chez Carlotta Films
Genre : Comédie burlesque