1900-1989
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Alexandre Ivanovitch Medvedkine né le 8 mars 1900 à Penza, vénéré par Dovjenko et Poudovkine, mort en 1989 dans l'euphorie de la perestroïka, le cinéaste russe Alexandre Medvedkine inventa le "documentaire pamphlet", termina sa carrière par des brûlots antimaoïstes et signa, un joyau muet nommé Le Bonheur, l'histoire chaplinesque d'un paysan couvert de dettes qui veut se suicider et retrouve foi en l'avenir dans un kolkhoze.
Medvedkine a commencé à faire du cinéma aux studios militaires «Gosvoenkino». Ses premiers films sont déjà marqués par ses dons, bien quils naient pas mis pleinement en valeur son talent satirique.
Son film dinstruction militaire « Les Eclaireurs », tourné en 1927, était construit de la manière suivante : à la suite de péripéties diverses, les éclaireurs se trouvent dans une situation très critique, mais à ce moment le film sinterrompt et le spectateur doit trouver lui-même une issue. Medvedkine se souvient des discussions animées qui éclataient dans la salle, après quoi le film continuait, offrant sa propre variante. Ce film avait des objectifs fort modestes, mais le simple résumé du scénario montre combien limagination de lauteur était fertile.
Cette imagination généreuse la fort bien servi lorsquau début des années 30 il opta pour la difficile satire cinématographique. Dabord, ce furent des courts-métrages dont le contenu est exposé par Medvedkine avec le laconisme et la satirique qui caractérisent ses bandes elles-mêmes. "Tout le monde est aux trousses dun petit voleur, écrit Medvedkine au sujet de son court-métrage Au Voleur !. Mais on ne remarque pas un brigand denvergure". "De mauvais maçons, raconte-t-il en résumant un autre film, construisent une maison pour un particulier, mais elle ne tient pas debout et un cordonnier leur fait de mauvaises bottes dans cette maison, etc. Tout le monde est mécontent, tout le monde crie".
Les films de Medvedkine, sa personnalité, suscitent des débats. Le contenu percutant, la nouveauté du style, provoquent des polémiques et souvent une animosité qui provient de lincompréhension de sa vision artistique. Mais au moment critique, les expériences du réalisateur furent soutenues et approuvées par le premier Commissaire du peuple de linstruction publique, Anatoli Lounatcharski, qui le convia à frayer la voie à des recherches audacieuses dans le domaine du cinéma satirique.
Medvedkine connut des instants difficiles au cours des années suivantes mais resta toujours fidèle à lui-même. Il organise en 1932 cette entreprise unique dans son genre quétait le « Train cinématographique ». Cétait un véritable studio sur roues qui, pendant 294 jours, alla de grands chantiers en grands chantiers, filmant les réalisations des bâtisseurs, des ouvriers, des cheminots, aussi bien que les méfaits de la gabegie et de lincompétence. Ces brefs documentaires et semidocumentaires étaient explosifs. Lactualité des problèmes sy combinait à un style percutant dans le traitement du sujet, la vision de lopérateur, les effets de montage. Le travail du train ne fut pas inutile. Pas seulement parce que les films tournés eurent une influence de propagande sur les travaux de construction. Les principes du "Train cinématographique" laissèrent une trace ineffaçable dans le cinéma. Tout à fait récemment, ils ont ressurgi dans les films tournés par des ouvriers français de Besançon daprès la méthode du train cinématographique de Medvedkine , ce que Chris Marker écrivit à Medvedkine lui-même. Dans ces films les principes de Medvedkine se traduisent par des effets de montage saisissants, à partir des épisodes les plus ordinaires de la vie des ouvriers et des patrons. Le montage révèle avec une puissance particulière lessence des constructions sociales.
Dans ses premiers courts-métrages, dans les films du "train cinématographique", Medvedkine cherchait consciemment, délibérément, ce qui avait été réalisé spontanément sur la scène de son théâtre de soldats : lunité du document vécu et concret. Chez un grand artiste, plus limagination est débridée et plus est organique son lien avec la vie quotidienne. Surtout si son art prend ses racines dans le folklore, le conte populaire, la parabole, la sotie.
Dans ses pamphlets, Medvedkine choisit généralement des scènes
révélant les contradictions internes dobjets réels
contenant un message sous-jacent et permettant des analogies. Pour son film
La raison contre la déraison (1960), Medvedkine a trouvé
une scène où Adenauer narrive pas à coiffer une
toque universitaire. Le réalisateur a enrichi cette brève séquence
dactualités en rappelant que la toque de Newton et de Timiriazev
ne convient pas au crâne du chancelier... Pareils épisodes sont
nombreux dans les documentaires de Medvedkine : La loi de la lâcheté
(1962) sur le démantèlement du système colonial en Afrique,
Amitié avec effraction (1965) sur limpuissance de limpérialisme
mondial, sa perfidie et sa cruauté dans La sclérose de la
conscience (1968) sur lescalade de lamoralité et le
danger dune nouvelle guerre mondiale. par des brûlots antimaoïstes (Attention
maoïsme en 1976, Pékin, l'inquiétude du monde en 1977)
Filmographie :
1929 |
Ménage ta santé |
Beregi zdorove | |
1930 | Au voleur ! |
Derji, vora | |
1930 | La Petite Bûche |
Polechko | |
1931 | Fruits-Légumes |
Frukty-ovoschtchi | |
1931 | Idiot, tu es idiot ! |
Durenty, duren ! | |
1931 | Sur le taurillon blanc |
Pro belogo bychka | |
1932 |
Cinéjournal 1 à 13, |
1932 | De lamour |
Pro ljubov | |
1932 | Les défauts des moissons (Cinéjournal 14) |
1932 | Le trou |
Dyra | |
1932 | Les meilleurs kolkoziens avant-gardistes (Cinéjournal 15) |
1932 | Tale of a Big Spoon |
Tit | |
1932 | Cinéjournal 16 à 18 |
1932 | Le piège |
Zapadnja | |
1934 | Le bonheur |
(Schastye). Avec : Pyotr Zinovyev (Khmyr), Yelena Yegorova (Anna, sa femme), Mikhail Gipsi (Taras Platonovich). 1h04. Khmyr, un paysan naïf par à la recherche du bonheur dans la Russie tsariste, puis dans la Russie soviétique finit par le trouver, après bien des vicissitudes en rejoignant un kolkhoze. |
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1934 |
La fabuleuse ou La fille qui faisait des miracles |
Chudesnitsa | |
1934 | Nouvelle Moscou |
Novaïa Moskva | |
1941 |
Nous comptons sur votre victoire |
My zdem vas s pobedoj | |
1946 | La Libération de la terre |
Osvobozhdyonnaya zemlya | |
1949 | A la gloire du travail |
(Slava troudou) en collaboration avec R. Grigoriev et M. Slawinskaia, | |
1954 | Le premier printemps |
1956 | Un printemps tourmenté |
Bespokojnaja vesna | |
1958 | Pensées sur le bonheur |
Dumy o Shaste | |
1959 |
Attention missiles sur Réno |
Unimanie, rakety na Rejne | |
1960 | Raison contre déraison |
Razum protiv bezumija |
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1962 | La loi de la lâcheté |
(Zakon podlosti) | |
1963 | Utro respubliki Gana |
1964 | Esche odin pamjatnick |
1965 | Amitié avec effraction |
Druzba so vzlomom | |
1965 | Mir Vietnam |
1966 | Notre ami Yat-Sen |
Nas drug Sun Jatse | |
1967 | LOmbre du caporal |
Ten effejtora | |
1968 |
La Sclérose de la conscience |
Skleroz sovesti | |
1968 | Lettre à mes amis chinois |
Pisma Kitajskomu drugu | |
1968 | Une Chronique inquiète |
Trevoznaja chronika | |
1968 | Nocnad Kitaem |
1975 | Vérités et mensonges |
(Pravda i nepravda) | |
1975 |
Attention, maoïsme |
1975 | Pékin, linquiétude du monde. |
1980 | Benzumie |
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