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Une
histoire vraie se déroule entre les états de l'Iowa et du
Wisconsin. Dans la petite bourgade de Laurens, Iowa, Alvin Straight (Richard
Farnsworth), soixante-treize ans, se remet à peine d'une chute lorsqu'il
apprend que son frère aîné vient d'être victime
d'une attaque. Les deux hommes ne se sont pas parlé depuis dix ans.
Alvin décide d'entreprendre le voyage de la réconciliation,
seul, et par ses propres moyens. Sa mauvaise vue ne lui permettant pas de
conduire, il parcourra les 507 kilomètres qui le séparent de
Mount Zion, Wisconsin, sur le petit tracteur qu'il utilise pour tondre sa
pelouse et auquel il aura accroché une remorque en bois. Lynch suit
avec minutie les préparatifs d'Alvin (achat de matériel et de
provisions, assemblage mystérieux de planches en bois) jusqu'au moment
ou Alvin Straight, assis sur son tracteur miniature, fait une marche arrière
afin d'y attacher la remorque terminée. Alors sa fille Rose (Sissy
Spacek) comprend à quoi servira cette grande caisse en bois sur roues
qu'ils ont construite ensemble.
Alvin décide donc de "prendre la route à nouveau". Le film épouse son rythme singulier, celui, lent et fragile, d'un vieil homme qui s'aide de deux cannes pour marcher et se déplace à bord d'un véhicule guère plus rapide qu'un vélo.. Très vite s'efface le sentiment d'assister à un voyage bizarre d'un original perché sur une tondeuse à gazon au profit d'une familiarité naturelle avec l'entreprise d'Alvin Straight déclare que "l'on voit mieux les choses assis". Des fondus appuyés et nombreux dissolvent les uns dans les autres les paysages traversés, des plans larges, mouvants, balaient les plaines, les champs. Par la fluidité de la mise en scène, par sa texture aérienne, le film devient l'espace arpenté par Alvin. Qu'Alvin soit contraint, à la suite d'une panne de revenir en arrière pour changer de véhicule, et Une histoire vraie s'en retourne avec lui. De même quand un camion le double et que la violence du souffle d'air fait s'envoler son Stetson, Lynch accorde à Alvin tout le temps nécessaire pour arrêter son moteur, saisir ses deux cannes et aller ramassé le chapeau échoué sur la route quelques mètres plus haut: si Alvin s'arrête, le film s'arrête. C'est l'une de plus belles scènes du film. Une de ses plus belles croyances aussi.
Au terme du voyage, Alvin retrouve Lyle (Harry Dean Stanton)
un frère qui pourrait être lui. Au cours de ce voyage, Alvin
aura croisé, écouté, sans doute un peu changé
plusieurs personnes. A toutes pourtant, à la jeune fugueuse comme au
prêtre, à la famille comme au barman, il leur a, à chaque
fois, répété la même chose ; d'où il vient,
où il va, et pourquoi : comme s'il ne restait plus à présent
qu'une seule histoire à raconter
Clélia Cohen, les Cahiers du Cinéma n°540, novembre 1999