Une famille de la grande bourgeoisie est obligée de vendre le domaine ancestral de Torrigne dans le midi. Durant l'été 1933, le dernier où tous les membres du clan sont réunis, les enfants montent une conspiration pour éloigner le représentant des acquéreurs. Mais Juliette se fait un peu courtiser par lui et les enfants n'atteindront pas leur but.
Son cousin Jacques, amoureux d'elle, aura connu cet été là son premier chagrin d'amour et ses premiers moments de solitude. Il en sortira grandi.
Film construit sur un grand flash-back avec un retour bref au présent quand tout se bouille dans la tête de Jacques et que, dans le réel et dans son souvenir, il est sur le point de s'évanouir. Son professeur qui a remarqué sa distraction lui dictera la conduite à tenir :
"Vous n'êtes plus un enfant Simonet et les vacances sont finies ; il y a maintenant le bachot. Oui monsieur. Allez Jacques... Va Jacques j'ai été comme toi : les professeurs et les parents n'enseignent pas le métier d'homme. Il faut que disparaissent les maisons trop vieilles et les trop jeunes amours. On apprend seul à bâtir, à aimer."
Le thème principal du film est la difficulté à quitter une enfance-adolescence où tout semble simple, où les ennemis sont bien identifiés, où la famille et la communauté sont encore réunies. "Ce n'est pas ce qui est à moi que j'aime mais ce qui est à nous" répondra Juliette à Pierre Gabard qui insiste pourtant : "Il faudra bien quitter l'enfance". Ce à quoi Juliette répond tristement :"Il me semble qu'on doit se repentir de vieillir."
Torigne, la tour de guet du temps où le danger venait de l'extérieur symbolise ces dernières vacances dans l'enfance. L'ennemi commun à affronter se fait amical voir amoureux et le combat est à mener pour soi-même. Le magnolia, l'arbre symbolisant chaque année de l'enfance, est planté en septembre, trop tard par rapport à mai. "Il faut taper plus dur pour bien tasser la terre" demande le jardinier et Walter ne peut que souhaiter : "Que ces rameaux divergeants restent liés au tronc originel" en portant haut la devise de la famille : "Cresca: qu'ils croissent."
Le flash-back qui raconte l'histoire depuis le présent alors que la passé rêvé n'est plus, efface paradoxalement la souffrance, la transformant en douce nostalgie.
Le montage est extrêmement discret toujours soumis à la clarté de la narration et à la saisie de l'émotion. Si l'on ne peut parler de plans-séquences, les plans sont toujours suffisamment longs pour qu'y intervienne à chaque fois la décision du personnage. Le montage saisit alors ensuite au mieux par un plan plus rapproché l'émotion ressentie. Film toujours en mouvement un personnage quittant un groupe pour en trouver un autre.
Tout cela avec un soin extrême du cadre : Jacques et Juliette sont coupés par la photo, ils devront revenir ensemble au centre, le bonnet d'Augustin sur la tête de Jacques comme un dernier salut à la famille réunie.
Jean-Luc Lacuve le 27/01/2007.