Brève histoire d'amour

Tomek jeune garçon timide, est très occupé le jour, par l'étude des langues rares et un travail à la Poste. La nuit aussi : il habite un grand ensemble un peu triste, chez la mère de son meilleur ami, parti comme "Casque Bleu" en Syrie. Après le dîner, il n'a qu'une hâte : quitter sa logeuse, toujours prête à s'intéresser un peu trop à ce fils de substitution, et s'enfermer dans sa chambre, devant la fenêtre, pour regarder intensément, avec des jumelles, Magda, la belle jeune femme qui habite en face.

Quand elle reçoit un homme, ce qui est assez fréquent, il est jaloux et n'hésite pas alors à lui envoyer les employés du Gaz après leur avoir signalé une fuite ! Si elle est seule, déprimée, il téléphone et reste sans rien dire jusqu'à ce qu'elle raccroche. Il lui adresse même des avis d'instance à la Poste, sans autre motif que de la côtoyer à son guichet. Cela ne suffit pas : il se fait engager par le supermarché du coin pour livrer le lait, ce qui lui permet de sonner chez elle au petit matin.

Un jour, il l'aborde dans la rue : "Je voulais vous voir. Hier, vous avez pleuré. Je suis voyeur parce que je vous aime." Magda, abasourdie, le repousse. Il continue son guet, constatant que désormais elle cherche aussi à le localiser. Il a même maille à partir avec un de ses amants qu'elle a envoyé pour le corriger. Et puis elle l'invite à la rejoindre. Ils se revoient, se parlent ; il lui rend des lettres qu'il lui a volées. Elle lui montre cyniquement que l'amour, c'est peu de choses : un désir violent et sa satisfaction physique. Choqué, il s'enfuit. Mais c'est elle, maintenant qui est troublée par l'amour extravagant qu'il lui voue. Lorsqu'elle comprend qu'on le conduit à l'hôpital après une tentative de suicide, elle est bouleversée, lui rend visite et se retrouve dans sa chambre. La logeuse empêche le geste de tendresse qu'elle esquisse vers lui. Magda regarde alors à son tour depuis le poste d'observation du jeune homme et se voit elle-même, chez elle, consolée par Tomek.

Version cinéma de l’épisode 6 du Décalogue