Au bureau d'accueil du centre linguistique où elle est de retour après un voyage, Kwon, une jeune femme coréenne, se voit remettre une enveloppe contenant toute une série de lettres avec un post-it d'introduction : Ces lettres ont été écrites pour elle, il espère quelle vabien.
Dans la première lettre, Mori, un jeune homme japonais qu’elle a rencontré quelque temps auparavant à Séoul lui écrit, en anglais, qu’elle est la personne qui désormais compte le plus pour lui. Quels que soient ses sentiments à elle, il est essentiel pour lui de la revoir. Il est venu en avion et a trouvé une guest house, Hue Ahn, à proximité de là où habite Kwon, dans le quartier de Bukchon. Comme il est passé chez elle et ne l'a pas trouvé, il va dans un café au nom japonais, Jiyugaoka, qui signifie "la colline de la liberté" dont le nome plaisait à Kwon qui le lui avait dit. Le café est tenu par une jolie coréenne, Youngsun, qui apprécie que son client ne soit pas dérangé par son chien, Gumi (rêve), et lui propose une tasse de café gratuite
Kwon, prise de syncope, fait tomber le paquet de lettres qui se dispersent sur les marches d'un escalier. Kwon rassemblent comme elle peut ces lettres non datées, en oublie une sur une marche, et s'en va les lire dans un café à proximité : Jiyugaoka
Dans une deuxième lettre, Youngsun vient chaleureusement remercier Mori d'avoir sauvé son chien et l'invite à diner en remerciement. Les deux jeunes gens boivent beaucoup. Mori explique son livre : le temps compris comme une flèche allant du passé au futur en passant par le présent n'est qu'un cadre mental auquel nous sommes habitués. Le temps n'existe sans doute pas de cette façon pour les objets présents devant eux qui peuvent se passer de cette notion". Mori conseille à Youngsun de se trouver un autre petit ami que celui qu'il a rencontré et qui lui a paru odieux. Youngsun reconnait qu'elle n'aime pas cet homme mais qu'elle a besoin d'un petit ami.
Dans la troisme lettre Youngsun retrouve, démonstrativement soulagée, son chien dont a pris soin Mori. C'est d'abord Sangwon que remercie Youngsun avant qu'il ne désigne Mori comme l'auteur du "sauvetage".Mori est invité par son ami Sangwon dans un bar à bière tenu par un couple américano-coréen qui s'entend à merveille.
Dans une quatrième letter, Mori fait la connaissance de Ji Kwanghyun, producteur arrogant et méprisant, petit ami de Youngssun. Il se reproche d'avoir été trop lâche pour lui casser la gueule.
Dans une cinquime lettre, Mori se lie d’amitié avec la propriétaire, Juok, qui a des idées toutes faites sur les Japonais qui seraient toujours propres et polis. Mori lui reproche ces généralités peu fondées. Lui méprise les professeurs coréens malhonnêtes qu'il rencontra il y a deux ans mais respecte par-dessus tout la jeune femme coréenne qu'il est venu voir.
Dans uen sixième lettre, Mori estdecouargé de voir que Wwon ne rnetre aps, ilse rev au bord dun ruisseau alors que Kwon la'plle.
Dans une septime lettre Sangwoo s'emporte contre une jeune adolescente qu'il a importunée et qui s'est mise en colère contre sa lourde conversation. Il lui soupçonne une aventure avec un homme marié. A peine est-il parti que Mori voit venir un homme âgé chercher l'adolescente. C'est son père. C'est ensuite un autre homme qui vient s'enquérir de l'adolescente et qui confirme qu'elle est bien partie avec son père. Mori lui demande s'il est marié: il paraît en effet âgé pour s'intéresser à l'adolescente.
Dna sune huitieme letter Mori a le cafard et Sangwoo l'invite au restaurant pour le réconforter. En rentrant tard et ivre, Mori trouve une déclaration d'amour de Youngsun qui l'attend dans son café depuis 22h30. Il la rejoint au petit matin. Ils deviennent amants. En rentrant, Mori s'en veut d'avoir succombé à cette histoire d'amour sans lendemain.
Mori apprend de sa logeuse que, si elle offre le petit déjeuner à Sangwoo après dix heures, c'est parce qu'il est son neveu, par ailleurs criblé de dettes.
Mori est venu s'expliquer avec Youngsun chez elle mais il couche de nouveau avec elle. Il est ensuite bloqué dans les cabinets.
Kwon a fini de lire les lettres quand Youngsun, qui laisse parfois son café sans surveillance, vient prendre son service. Les deux femmes échangent quelques mots sans que Youngsun ne se doute que la femme qu'est venue voir Mori soit Kwon.
Kwon s'en va dans la chambre d'hôtes où est descendu Mori ne sachant si elle va le trouver encore là. Elle a l'heureuse surprise d'y découvrir ses affaires et, entendant des pas, se refugie dans sa chambre.
C'est Mori qui arrive avec Juok et Sangwoo. Il devra partir le lendemain à cinq heures. Resté seul, Mori rentre chez lui et, éberlué, y découvre Kwon.
Le lendemain, les deux jeunes gens partent de bon matin pour l'aéroport. Mori raconte que Kwon est revenue guérie de son voyage en montagne chez le grand prêtre qui était aussi médecin. Ils se sont mariés et ont eu deux enfants.
Mori se réveille du matin de cuite avec Youngsun. Celle-ci est un peu honteuse de l'avoir laissé dormir dehors. Il la trouve très jolie. Probablement est-ce là le contenu de la dernière lettre abandonnée sur les marches
Le dispositif dramatique du film est assez simple. Mori, un jeune japonais, se rend à Séoul afin de retrouver la femme qu’il aime. Mais celle-ci est absente. Attendant son retour, il s’installe dans une chambre d’hôtes et lui écrit les différentes rencontres qu'il fait. L'originalité tient au fait que les lettres sont dispersées puis ramassées et lues dans le désordre, par la femme aimée. Le spectateur est ainsi obligé de reconstituer le puzzle temporel.
Il ne s'agit pourtant pas de jouer au plus fin. Hong sang-soo donne très rapidement au spectateur les clés des mystères successifs que génère le désordre de l'histoire. Lorsque Youngsun parle de son chien pour la première fois dans le café, le spectateur ne l'a pas encore vu; un léger panoramique nous le montre alors à côté de Mori. Ce sera ensuite presque immédiatement que sera donné la réponse à ce qui n'a pas été montré : la séquence du sauvetage du chien arrive juste après la soirée de remerciement. L'explication de des rapports de parenté entre Sangwoo et sa tante, Juok tarde davantage mais ne nuit pas à l'adhésion que l'on ressent pour chaque petit moment décrit.
Le cours du film semble en effet prouver la théorie du livre, "Temps", que lit Mori. Qu'importe notre désir de tout remettre dans l'ordre, les choses sont ce qu'elles sont et notre exigence d'un cadre temporel orienté pour les comprendre est superflue. Mori lui-même dit ne jamais être aussi heureux que lorsqu'il contemple longuement un arbre ou une fleur. Cet accord avec l'éternité de la nature le protège des agressions du quotidien.
Dès lors, on préférera tirer une leçon assez simple du film : la persévérance de Mori dans son désir amoureux de Kwon a convaincu celle-ci de partir avec lui. Elle considère comme secondaire son aventure avec Youngsun. La séquence finale ne révèle ainsi sans doute pas que Mori a rêvé sa rencontre avec Kwon. Bien davantage s'agit-il pour Hong Sang-soo d'être honnête avec son spectateur, de lui révéler le contenu de la dernière lettre abandonnée sur les marches.
Le film est ainsi constitué de quatre parties. La première est un prologue où Kwon reçoit les lettres et s'en va les lire au café. La seconde partie, de loin la plus importante, est constituée par la douzaine de lettres lues dans le désordre. La troisième partie, commence lorsque Kwon a fini de lire les lettres, rencontre Youngsun qui vient de quitter Mori, la logeuse et son neveu au restaurant et se termine au matin suivant avec départ pour le Japon. La quatrième partie est constituée par la révélation, sans grande importance dramatique (le lendemain de beuverie d'une des premières séquences) de la lettre perdue. C'est toutefois un adieu délicat au personnage de Youngsun, archétype cher à Hong Sang-soo de la jeune femme sans qualité, amoureuse, abandonnée.
Jean-Luc Lacuve le 09/07/2015.