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Masaan

2015

Genre : Drame social

Avec : Richa Chadda (Devi Pathak), Vicky Kaushal (Deepak Chaudhary), Sanjay Mishra (Vidyadhar Pathak), Shweta Tripathi Shweta Tripathi (Shaalu Gupta), Nikhil (Jhonta), Pankaj Tripathy (Safhya Ji), Bhagwan Tiwari (L'inspecteur Mishra), Bhupesh Singh (Sikander Chaudhary). 1h43.

Bénarès, la cité sainte au bord du Gange. Surpris par la police dans une chambre d’hôtel avec Devi, amie plus âgée à la recherche d'une première expérience sexuelle, un étudiant préfère se suicider plutôt que de subir la honte d’un scandale sexuel – les rapports avant le mariage sont interdits en Inde. La jeune femme et son père deviennent les victimes de l'inspecteur Mishra, responsable de l’intervention meurtrière, ignoble maître chanteur qui demande 300 000 roupies en échange de son silence. Devi, qui vient de terminer sa formation en informatique, vit torturée par un sentiment de culpabilité et la nécessité de trouver un emploi qui lui permettra de payer la rançon exigée par l'inspecteur... Pathak, père de Devi, perd son sens moral pour, lui aussi, trouver l’argent nécessaire. Il sera bien près de tuer Jhonta, un jeune orphelin qu'il avait pris comme aide dans sa boutique, et qu'il laisse risquer sa vie comme plongeur.

Deepak, un jeune homme des quartiers pauvres dont la famille s’occupe des rites funéraires sur les bords du Gange et de la crémation des corps – Masaan veut dire « bûcher » en hindi –sera bientôt ingénieur. Il tombe éperdument amoureux d'une jeune fille qui n’est pas de la même caste que lui...

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La dimension sociale du film menace d'abord de l'écraser sous les conventions : poids des castes, interdites de fait mais structurant toujours très fortement la société indienne, hypocrisie morale et religieuse, corruption et inégalités sociales,

Les récits parallèles de Devi et Deepak devant faire le deuil de leur premier amour est pourtant subtilement dramatisé : le récit de Deepak est enrobé de jolies naïvetés (poésies récitée, cadeau offert, déclaration par envol de ballon lors de la fête) alors que la détermination de Devi offre son contrepoint de courage face à la dure condition des femmes (brutale demande sexuelle ou confrontation avec un collègue lourd).

Le film, très bien financé, fait la part belle à un pseudo aspect documentaire de Bénarès qui est bien davantage l'occasion de jolie images poétiques en écho à la nécessité du deuil auquel doivent faire face les personnages pour repartir vers une deuxième vie.

Jean-Luc Lacuve, le 08/07/2015

Sur Bénares, voir plutot Le passeur (Gianfranco Rosi, 1993).

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