Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, son aspiration à la célébrité et son talent pour briser les coeurs, Tamara Drewe est l'Amazone londonienne du XXIe siècle.
Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté incendiaire et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions..
Ni assez émouvante pour être une comédie sentimentale et trop bien pensante pour être une comédie sociale, cette nouvelle adaptation littéraire de Stephen Frears au cinéma se satisfait d'un académisme qui consiste à illustrer en l'édulcorant une bande dessinée.
Stephen Frears possédait pourtant une galerie de personnages hauts en couleurs et le caricatural début promettait un jeu de massacre.. qui ne viendra jamais. Le cinéaste se contente de juxtaposer des vignettes attendues marquées par une psychologie aussi éculée que celle des romans policiers de son personnage principal, Nicholas Hardiment. De son possible contrepoint, Glen l'universitaire, on n'apprendra rien : ni humainement ni de son sujet d'études, Thomas Hardy... si ce n'est quelques préférences sexuelles. On apprend seulement que, pour être un bon écrivain, il suffit d'écrire comme si l'on parlait à un ami !
Les dialogues nous informeront aussi gentiment que si Tamara Drewe ne choisit pas l'homme qui lui faut (mais qu'elle finira quand même par trouver) c'est parce que son père est parti quand elle avait cinq ans.
La vacuité de ce que l'on peine à définir comme une intrigue principale permet le développement d'une seconde, à mi parcourt, celle des deux petites pestes, Casey et surtout Jody, amoureuse de Ben, la rock star à la Porsche jaune. Deux petits films donc... à échanger contre une vraie comédie.
Jean-Luc Lacuve le 25/07/2010