16 mai 2013. Dans le RER B, les passagers, assis ou debout, ont chacun des pensées différentes. Audrey pense que pour son nouveau travail, elle devra faire 40 heures de trajets par mois. Et puis soudain, par la fenêtre du RER, elle voit un moineau. Gary arrive de New York et cherche un taxi à Roissy pour le conduire à l'hôtel Hilton. Audrey arrive à son travail dans le même hôtel. La pression est forte, une employée vient de recevoir un blâme pour tenue négligée. Audrey s'en tire plutôt bien : elle peut se permettre de refuser de travailler le week-end car, dit-elle, elle a un examen à préparer. Son ami Leïla lui fait remarquer que la fac est un mensonge facile. Audrey fait les chambres dans le couloir qu'occupe Gary. Le soir, elle rentre chez elle cachant à son père qui l'appelle au téléphone qu'elle a abandonné la fac. Gary a du mal à dormir.
17 mai 2013. "Gary". Gary est un ingénieur en informatique américain. Il se rend en taxi dans une grande société française. Le patron, Vengers a réuni ses partenaires pour des problèmes quant à la livraison d'une usine clé en main à Dubaï. Gary promet d'assumer en partie le retard pris par les autres moyennant finance. Il fait aussi remarquer qu'il aura le désagrément de devoir rester travailler à Dubaï pour Noël prochain. Au retour, Gary voit deux carcasses de voitures suite à un grave accident sur l'autoroute. Rentré à l'hôtel, il n'arrive pas à dormir. Dans la nuit, il prend la décision de tout arrêter. Il attend le lendemain 8 heures, alors qu'il s'imagine combien on l'attend à Dubaï, pour prévenir ses associés à New York mais rien ne le fait revenir sur sa décision et pas davantage une conversation sur Skype avec sa femme durant la nuit. Au petit matin, il s'écroule de sommeil après quelques sanglots.
18 mai 2013. "Audrey". Audrey fait le ménage et constate que son planning a prévu 16 chambres jusqu'au soir. Mlle Lhomond, son antipathique supérieure, lui impose même une heure supplémentaire. Audrey constate que Gary occupe toujours sa chambre et, après avoir vérifié qu'il a bien prolongé son séjour au dernier moment, découvre sur son agenda qu'il a bien raté son avion. Le soir, épuisée, elle fait la dernière chambre imposée et constate soudain qu'il n'y a plus d'électricité dans l'hôtel. Elle se laisse guider par une lueur rouge étrange, monte sur la terrasse de l'hôtel et se trouve transformée en moineau. Elle s'entraine à voler, surprend la conversation de Leila et Simon et suit ce dernier sur le terrain vague où il dort dans sa voiture. Puis, après avoir été poursuivie par une chouette, rentre à l'aéroport. Elle s'inquiète de ne pas se transformer en Audrey et ressent un petit creux. Elle inspecte quelques chambres, fuit un chat, et accepte bien volontiers de servir de modèle à un aquarelliste japonais qui lui a fait don de quelques miettes. Elle se demande bien quel sort va lui être réservé.
19 mai 2013. L'aquarelliste japonais prend des photos d'oiseaux au petit matin sur le toit de l'immeuble. Il découvre Audrey allongée par terre. Celle-ci s'étonne qu'il la voie comme une jeune fille et non plus comme un moineau. Elle se repose dans sa chambre puis sort pied nus alors qu'il s'est endormi dans un fauteuil. Audrey croise Gary avec qui elle échange quelques phrases sur le sens de "personne" et "contraire de contraire". Ils se serrent la main : entre bird people, ils se sont reconnus.
Les intentions sont énoncées dans le titre : Gary et Audrey sont des "bird people" qui rêvent d'échapper à leur vie en allant ailleurs. Comme on est dans un aéroport international, le titre reste en anglais. Comme tout cela est difficile à motiver, on propose au spectateur d'accepter deux coups de force. Gary décide sur un coup de tête de tout laisser tomber et Audrey, qui tombe de fatigue, prend peut-être un coup sur la tête qui la fait réellement devenir oiseau.
Ce second coup de force est le plus intéressant. On apprend que les oiseaux peuvent être dressés et qu'on peut avec virtuosité déplacer une caméra comme si elle était dans la tête d'un oiseau et que tout cela est très joli surtout avec le Space Oddity de David Bowie sur les belles images d'aéroport la nuit. Plus original peut-être, la longue séquence qui voit le moineau perdre peu à peu sa conscience humaine. Il se rappelle difficilement Simon, puis, dans la voiture, se souvient seulement qu'il s'agit d'un humain et, enfin, rejoint ses congénères et acquiert la conscience du groupe. Finalement on aurait aimé que le film se termine là plutôt que de conclure sur un vague retour à la normale teinté de fantastique.
L'originalité un peu artificielle de cette seconde partie est toutefois plus intéressante que l'illustration du cadre "soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives". Le cadre vide le mini-bar, assiste à une réunion où il se contente de prononcer trois phrases et ses avocats résolvent ses problèmes financiers en trois coups de téléphones. Quant aux pressions affectives, elles se résument à ce qu'il se décide à quitter sa femme qu'il n'aime plus pour rêver de rejoindre les Pyrénées de son grand-père : on a un peu de mal à compatir. Et ce d'autant plus que Pascale Ferran en rajoute sur les fétiches de la modernité qu'elle théâtralise pour mieux les abandonner ensuite : quel est l'interêt de cette longue vision mentale de l'aéroport de Dubaï où Gary se voit attendu vainement par un collaborateur ? La scène de rupture est-elle moins banale parce qu'elle s'effectue par Skype ?
Le scénario se croit tout permis et c'est sans doute très bien mais il cherche aussi à tout justifier quand même et, par là, ennuie souvent avec de longues scènes de dialogues vaguement vraisemblables, une voix off chargée de mettre les point sur les i et des acteurs contraints, pour l'un, de hocher sans cesse de la tête (notamment dans la scène du soliloque au restaurant où Gary est censé préparer son discours à sa femme) et, pour l'autre, de sourire à chaque regard appuyé (dès la première apparition du moineau sur la vitre du RER). On finit par se demander si tout cela n'est pas un peu niais (du latin "nidus", nid).
Jean-Luc Lacuve le 11/06/2014.