En fanfare

Le célèbre chef d'orchestre Thibaut est atteint d'une leucémie et a besoin d'un donneur de moelle osseuse. Apprenant qu'il a été adopté, il retrouve un frère aîné, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

 Le film comporte quelques moments intenses dont la reprise de Emmenez-moi, la chanson de Charles Aznavour. D'abord jouée par la fanfare lorsque Thibault vient voir son frère pour la première fois, il lui en cite les paroles à la fin juste avant de lui révéler le rejet de la greffe : "Moi qui n'ai connu toute ma vie, Que le ciel du nord, J'aimerais débarbouiller ce gris, En virant de bord". Loin d'être une citation pédante face à la mer pour évoquer l'Italie envers celui qui n'y a jamais été, elle évoque le versant tragique des gens qui se pensent assignés quelque part tout autant que ceux assignés à une mort prochaine.

A ce bel épisode mélodramatique avec marche quasi suicidaire dans la mer succède le final, lui aussi très bien amené, avec l'exécution du Boléro dans l'auditorium de Le Seine musicale. C'est un hommage fraternel de Jimmy à son frère qui va mourir mais aussi de confirmation que son apprentissage de la confiance en soi n'aura pas été vain. Si le boléro n'a pu être joué dans l'usine déménagée par les patrons sous protection des CRS, les répétions et l'obstination n'ont pas été inutiles.

Les autres reprises de ce procédé d'écho amplifié d'une première scène sont plus convenues, ainsi la remise du disque par Jimmy à Thibault que celui-ci lui avait fait entendre chez lui ou les revirements perpétuels de Jimmy qui apprend au contact de son frère à trouver le juste milieu entre emballement et découragement.

Jean-Luc Lacuve, le 5 janvier 2025