1938, en Roumanie. Dominic Matei, un vieux professeur de linguistique, est frappé par la foudre et rajeunit miraculeusement. Ses facultés mentales décuplées, il s’attelle enfin à l’oeuvre de sa vie : une recherche sur les origines du langage. Mais son cas attire les espions de tout bord : nazis en quête d’expériences scientifiques, agents américains qui cherchent à recruter de nouveaux cerveaux. Dominic Matei n’a d’autre choix que de fuir, de pays en pays, d’identité en identité. Au cours de son périple, il va retrouver son amour de toujours, ou peut-être une femme qui lui ressemble étrangement... Elle pourrait être la clé même de ses recherches. À moins qu’il soit obligé de la perdre une seconde fois.
Mircea Eliade ne semble avoir donné à Coppola qu'un bazar linguisto-philosophico-religioco-romantico-débilo avec grimage des personnages, doubles en plein écran, symbolisme vieillot, brassage de thèmes multiples et sans suite et, surtout, sans moment d'émotion.
Les coups de force du scénario ne sont jamais suffisamment incarnés dans une image ou une mise en scène originale pour valoir plus que l'idée du départ.
Dominic est sensé posséder le savoir universel mais, à aucun moment on ne le voit le transmettre. Or, c'est souvent le moment de la transmission qui est émouvant. On aura du mal à croire ici au charabia prétentieux confié à un coffre-fort pour les générations futures. Pareillement, comment croire qu'il soit tout près de revenir "à l'origine du langage" en écoutant éructer Véronica/Lupini ?
Les histoires d'amour défilent trop rapidement et sans véritable écho. La fille de la chambre n°6 disparaît de façon caricaturale en se "sacrifiant" avant que l'on ait le temps de s'attacher à elle. Laura n'existe que dans la banale scène de rupture, sa réincarnation en Veronica au sommet de la montagne est traitée avec une banale voix off (Est-ce elle ? Oui c'est elle), sa transformation en Lupini apeurée frôle le ridicule et son vieillissement accéléré est improbable.
Mais le pire de tout est probablement que Dominic, tout animé de son esprit de sacrifice, ne cherche pas à la revoir. Une photo volée sur un quai de gare suffit à le rassurer sur son omniscience sans qu'il semble ému le moins du monde.
L'humain est dans le renoncement et l'inachevé. Est-ce cela que veut nous dire Coppola ? Fallait-il toute cette longue fable pour l'exprimer ?
Jean-Luc Lacuve (mais on peut aussi aimer, voir : critique d'Antnony Boscher)