Anders, un Danois d'une trentaine d'années, regarde une carte du Groenland. Il est reçu au rectorat par une fonctionnaire qui accepte sa demande d'être instituteur au Groenland. Il n'a jamais enseigné mais veut tenter cette aventure avant de reprendre la ferme familiale.
Anders choisit Tiniteqilaaq, un hameau inuit de 80 habitants. Dans ce village isolé du reste du monde, la vie est rude, plus rude que ce qu’Anders imaginait. Plein de bonne volonté mais aussi des préjugés de son Danemark natal,, il est mal accueilli à la fois par les enfants et la population.
Et puis tout bascule lors du feu d'artifice du 31 décembre. I est tout seul devant sa télé face aux vœux de la reine ; et puis il sort, croise Tobias et rejoint la communauté. Du coup, il va apprendre la langue et emmener Asser avec les chausseurs d'ours puis aller à la rencontre des narvals dans la baie.
Comme L’apprenti, Une année polaire est un documentaire qui se passe en milieu rural, au sein d'une communauté isolée, proche de la nature. Le village de Tiniteqilaaq se situe sur la côte Est du Groenland, plus accessible, mais moins peuplée et plus sauvage que la côté Ouest. En 2015, Samuel Collardey avait rencontré l'institutrice, une vieille dame proche de la retraite, qui habitait avec ses enfants. Au mois de mai 2016, son contrat s'achevant un nouvel instituteur, Anders, est nommé. Le cinéaste tient enfin son personnage. Il passe deux jours avec lui au Danemark, et le retrouve en novembre 2016 pour quatre sessions de tournage de trois semaines, et une plus longue en avril-mai, saison où la lumière revient. La banquise est alors parfaite pour les villageois qui font le maximum de pêche
Le scénario, qui suit les étapes du parcours d'Anders, est constitué à partir de plusieurs sources. Des échanges via des questionnaires écrits, avec des instituteurs rentrés au Danemark mais aussi le livre Imaqa, de Flemming Jensen, qui se passe dans les années 70, mais qui raconte aussi l'arrivée d'un instituteur au Groenland ont précédé les propres expériences d'Anders. La panne de chauffage, c'est toutefois une institutrice d'un village voisin qui l'a vécue. La mort du grand-père est une fiction (Il n'aimait pas être filmé).
Au cours du film, on apprend que nombre d'enfants du village sont abandonnés par leurs parents et élevés par leurs grands-parents. C'est un trait anthropologique de la société inuite ; une tradition. Mais c'est aussi le résultat de graves problèmes d'alcool au sein de cette communauté: sur les onze élèves d'Anders, neuf ne vivent pas chez leurs parents biologiques, et peut-être la moitié a des parents alcooliques. C'est un gros problème sur lequel le cinéaste ne veut pas insister. Le Groenland a le plus gros taux mondial de suicide. Après le tournage, le père d'Asser, qui était alcoolique, s'est suicidé.
Jean-Luc Lacuve, le 16 juin 2018