Judith , heureuse épouse de Roger Wynter , paralysé par la polio, est romancière. Elle écrit des œuvrettes sentimentales et populaires. Ses proches, son quotidien, tout alimente son imagination… Elle s’attelle à l’écriture d'un nouveau roman, L’Étranger amoureux : l’histoire d’une femme malheureuse, qui s’ennuie auprès de son mari handicapé, et qui se lance dans une folle aventure avec son chauffeur d’origine italienne. Carlo, le nouveau chauffeur du couple, découvre le manuscrit et imagine que Judith lui voue une passion inavouée…
L’Étranger amoureux bénéficie d’un scénario écrit à quatre mains par la réalisatrice et son mari Sydney. La cinéaste souhaitait réaliser une satire des romans sentimentaux et mettre en garde du danger de confondre fiction et réalité.
La mise en garde est charmante, le film revêtant d’avantage les atours d’une comédie légère que ceux d’une comédie dramatique. Carlo, le chauffeur, persuadé que sa patronne Judith est amoureuse de lui, s’empresse de répondre à cette soi-disant passion. Devant la retenue de Judith, il imagine qu’elle souhaite qu’il rejoue une par une les scènes qu’elle a écrites. Il y mettra verve et entrain, sous l’œil amusé de Roger Wynter, l’époux, qui a compris le quiproquo.
L’Étranger amoureux adopte une forme originale : il donne à voir un film dans le film, celui, en couleurs, qui matérialise le roman de Judith. La réalité est, quant à elle, filmée en noir & blanc. Muriel Box juxtapose ainsi deux films, dont la romance inventée, mélodrame convenu qu'elle filme afin de mieux en dénoncer l’absurdité.
L’Étranger amoureux est une œuvre spirituelle, fantaisiste et parodique, une curiosité. Muriel Box, qui se plie aux contraintes du studio, n’en est pas encore à transmettre, dans ses films, un message social fort, mais dessine, avec humour et légèreté, le portrait d’une nouvelle génération de femmes dans l’Angleterre d’après-guerre.