1960. Quelque part au Mexique, Romain Gary se croit mourant. Il supplie sa femme, Lesley, de l'emmener mourir à Mexico. Elle rassemble les feuilles manuscrites éparses sur le sol. Sur l'une d'entre elles, elle lit La promesse de l'aube. Dans la voiture qui les conduit vers la capitale mexicaine, Lesley, lit le roman autobiographique de son mari, plus ou moins inconscient.
1922 . Wilno no 16 de la rue Wielka Pohulanka, Mina Kacew vit pauvrement avec son fils, Roman et sa gouvernante. Revenus de fraiche date dans une ville qui est maintenant Polonaise, ils sont en butte aux tracasseries de la police qui voit des espions partout. Mina hurle sa haine aux voisins pour leur dénonciation malveillante. Elle en est certaine son fils sera ambassadeur de France ou artiste. Les rires qui accueillent cette déclaration d’amour fou pour son fils décident de la volonté de Roman d'obéir en tous points à la volonté de cette mère attachante et excentrique.
Mais Roman se ridiculise en s'essayant au violon. Il ne peut être peintre puisque sa mère déplore la misère attachée à cette activité vu les fins de vie de Gauguin et Van Gogh. Roman sera donc écrivain. Mina couvre d'éloges ses premiers mots couchés sur le papier. Roman reçoit aussi des cours d'escrime de tir au pistolet et de danse et va au cinéma voir le célèbre acteur Ivan Mosjoukine, héros de film d'aventures auquel il s'identifie. A 9 ans, Romain connait son premier amour : Valentine. Pour elle, le jeune garçon est prêt à subir toutes les humiliations, et se soumet aux jeux enfantins les plus tyranniques. Juif et couvé par sa mère, il subit les sarcasmes de ses camarades. Un jour Roman confie que les enfants ont insulté sa mère. Celle-ci lui répond que désormais, quand l'honneur de sa famille est insulté, il ne doit pas rentrer sans s'être battu.
Mina se dit ancienne une actrice de théâtre. Pour survivre, elle a un petit atelier de chapeaux. Elle décide de faire passer un vieil alcoolique, Alex Gubernatis, pour le célèbre Paul Poiret, le grand couturier. La journée inaugurale de sa maison de couture est un succès mais son atelier ne lui rapporte que très peu d'argent. Lorsque l'un des riches ses clientes ne la paie pas elle doit se résoudre à partir pour la France avec pour seul bagage une grosse malle.
1960. Le médecin de Mexico voit le mal dont souffre Gary : il s'était introduit du guacamole sur une mie de pain dans l'oreille pour échapper aux bruits de la rue. Lesley le supplie de la laisser continuer de lire son récit.
1928. Mina et Roman arrivent en France. Mina est persuadée que dans ce pays, son fils pourra s’accomplir pleinement en tant que diplomate ou artiste. Il se prénomme désormais Romain. Elle tente de vendre son argenterie à des prix exorbitants. Un antiquaire lui prépose de gagner sa vie en vendant à la sauvette des articles de luxe dans les grands hôtels de Nice ou de Cannes. S'occupant de vente immobilière ; un de ses clients lui confie finalement la direction d'un petit hôtel, la pension Mermonts, sur le boulevard Carlone.
Romain a grandi. Il désire Mariette, la femme de ménage. Un jour, sa mère surprend les ébats du jeune Romain et de Mariette et chasse celle-ci. M. Zaremba, un riche peintre, client de l'hôtel, s'éprend de la mère de Romain. Mais celle-ci refuse catégoriquement ses avances.
1934. Romain Kacew, le bac en poche part poursuivre à Paris des études de droit. Il rencontre Brigitte, une suédoise. Mais il découvre que celle-ci est la maitresse d'un autre. Il passe alors l'essentiel de son temps à écrire et à séduire de belles parisiennes. En 1935, sa nouvelle, L’Orage, paraît dans Gringoire, ce qui lui permet de ne plus dépendre financièrement de sa mère qui, minée par un diabète insulinodépendant, s'est usée à la tâche pour préparer l'avenir de son fils. En 1937, plusieurs éditeurs refusent son premier roman, Le Vin des morts.
En 1938, sa mère le convainc d'assassiner Hitler... tentative à laquelle elle renonce par peur pour son fils. Romain est appelé en novembre au service militaire dans l'aviation à Salon-de-Provence ; nommé caporal, il est envoyé à l'école d'observation d'Avord près de Bourges. Au terme de sa formation, il passe l'examen de sortie de l'école en mars 1939. Il est le seul des 300 élèves-officier de la promotion à échouer, en raison de sa naturalisation trop récente. Il trouve une raison plausible, la séduction de la femme de son capitaine, pour amoindrie le choc que cela aurait causé à sa mère.
Le 15 juin 1940, alors qu'il s'apprête à rejoindre la France libre, il échappe à un accident d'avion, étant au téléphone avec sa mère, malade. Fervent admirateur du général de Gaulle, il s'évade le 20 juin 1940, Il s'engage aussitôt dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Romain poursuit un entrainement avec l'escadrille qui se prépare à aller en Afrique. Un soir, alors qu'il est en compagnie d'une jeune femme qui l'agace, une bagarre éclate et dégénère en duel dont il sort vainqueur. Le tribunal militaire le contraint à rejoindre immédiatement l'Afrique. En Lybie, il ramène une vieille femme perdue, qui lui rappelle sa mère, dans sa tribu. Romain est atteint de la typhoïde. On le croit perdu mais il survit.
Romain continue de recevoir des lettres de sa mère. Elle l'imagine accomplir des actes de bravoures, des actions glorieuses. Cependant, Romain reste la plupart du temps au sol, oisif quand il n'est pas au cachot.
En février 1943, il est rattaché en Grande-Bretagne au Groupe de bombardement Lorraine. Là, on lui annonce que son roman, son roman l'Éducation européenne voit le jour sera traduit et publié. Il se comporte en héros lors de sa dernière mission : il est sauf malgré une importante blessure au dos. Il reçoit la Croix de la Libération par De Gaulle.
La guerre est terminée. Romain rentre victorieux chez sa mère... mais il ne trouve personne. En effet sa mère est morte 3 ans auparavant. Elle avait laissé 250 lettres qui devaient lui parvenir régulièrement pendant sa mobilisation.
1960. Romain Gary est guéri de son infection des oreilles. Assis sur un banc, il se lamente avec Leslie :
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu"
Film sans âme illustrant sur pellicule glacée la vie tumultueuse et romanesque de Romain Gary.
Le récit de l'écrivain déroule à grande vitesse les multiples péripéties de sa vie d'où ressort un attachement profond envers sa mère dont l'amour excessif sera pourtant pour lui un fardeau. Eric Barbier reprend les principales étapes de cette éducation singulière mais les illustre trop littéralement, sans style. Il ralentit ainsi chaque épisode, perdant son temps à mettre en scène les conditions matérielle d'une rencontre et peinant à l'enchainer à la suivante sur un rythme, une émotion qui emporterait l'adhésion. Il se contente de confier aux deux acteurs principaux le soin d'en surajouter (plutôt bien d'ailleurs) pour prouver leur attachement mutuel.
L'enchâssement du récit dans un flash-back est laborieux. Il semble n'avoir pour seul but que de faire entendre off le texte de l'écrivain par la supposée lecture silencieuse de Lesley. Rien ne se passe au présent de 1960 et le couple apparait même comme particulièrement antipathique. La conclusion est extrêmement fade. La caméra s'élève sur Romain et Lesley qui vient assurer son mari de sa qualité d'écrivain (quelle prescience !). Off se fait entendre la citation, tronquée hélas, du roman :
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu"
La critique de cet amour, vécu comme un fardeau est en effet absente
":... Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »
En revanche, comme dans tout médiocre biopic, on ne coupe pas aux photos des vrais personnages qui succèdent aux photos des acteurs maquillés et attestent de leur ressemblance avec la réalité. Classiques aussi les cartons à la gloire posthume de Romain Gary qui connait la consécration d'un deuxième Goncourt sous la signature d'Ajar.
Jean-Luc Lacuve, le 24 janvier 2018.