Vera Brandt, une jeune touriste, rate un bus sur une route isolée de montagne en Suisse. Elle part à la recherche d'une maison. Dans celle-ci se trouve un être maléfique qui brise ses chaînes quand il l'entend. Il la poursuit sur le chemin de la cascade ; la poignarde d'un ciseau avant de lui couper la tête.
L'inspecteur Rudolf Geiger remercie le Professeur John McGregor, entomologiste paralysé dans un fauteuil roulant, vivant seul avec son chimpanzé, pour l'aide qu'il leur apporte une nouvelle fois dans une enquête criminelle. McGregor affirme que huit types d'insectes agissant chacun 15 jours (à commencer par les mouches) viennent à bout d'un cadavre exposé dans la nature. Si, comme pour cette tête reduite à l'état de squelette, le cycle s'est déroulé deux fois, alors la tête décomposée qu'ils examinent est celle d'une femme assassinée (à la variation près du vent local, le fœhn) il y a un peu plus de huit mois.
Jennifer, fille d'un célèbre acteur hollywoodien, arrive en Suisse, dans un pensionnat féminin, l'institut Richard Wagner, pour continuer ses études. L'établissement est géré d'une poigne de fer par la directrice et surtout son assistante, Madame Bruckner. A peine arrivée, Jennifer comprend qu'une série de meurtres sanglants viennent de se produire. Plusieurs élèves, au comportement imprudent, ont été retrouvées mortes, assassinées par un mystérieux maniaque. Jennifer est considérée comme une excellente élève mais, la nuit, elle est prise de crise de somnambulisme. Les médecins du pensionnat la croient folle, schizophrène et elle est détestée de ses condisciples.
Lors d'une de ses crises, Jennifer a la vision du meurtre de Sophie, la jeune fille qui partage sa chambre. Au bord d'un toit, elle perd l'équilibre, fait une chute spectaculaire, est recueillie par deux jeunes hommes qui devant son comportement étrange, l'abandonnent au bord d'une route. Elle est finalement soignée par le professeur John McGregor. Il découvre stupéfait le pouvoir d'attraction de Jennifer sur les insectes qu'elle aime et avec qui elle a la capacité de communiquer. Lorsque Sophie, avec qui Jennifer est devenue amie, est assassinée à son tour, cette dernière décide de se servir de ses pouvoirs pour découvrir l'identité du tueur. McGregor a l'idée d'utiliser la mouche "sarcophagus" dont la particularité est d'être attirée par les chairs en décomposition. Cette mouche met Jennifer sur la piste du criminel et la conduit jusqu'à son repère. Sa recherche est interrompue par la visite d'un agent immobilier et elle rentre rendre compte à McGregor. Celui-ci est bientôt embroché par le tueur. Jennifer ordonne alors à Shapiro, le fondé de pouvoir de son père, de lui donner les moyens de rentrer d'urgence à Los Angeles. Mais l'argent n'arrive pas et c'est Mme Bruckner qui vient retrouver Jennifer à la banque. Elle lui offre l'hospitalité pour la nuit puisque son vol ne partira que le lendemain
La maison de Mme Bruckner possède des miroirs, tous recouverts d'un drap car elle ne veut pas que son fils puisse s'y voir. Elle force Jennifer à prendre un cachet que celle-ci parvient à recracher. Mme Bruckner l'enferme alors derrière de lourdes fermetures métalliques et va répondre à l'inspecteur qui, venu chez elle, la soupçonne. Jennifer tente vainement de repêcher, à l'aide d'une d'une tige, un téléphone qui lui permettrait d'appeler au secours. Elle n'y parvient qu'en plongeant dans un trou du sous-sol où elle finit happée par... l'inspecteur Rudolf Geiger qui a été fait prisonnier par Mme Bruckner. Celle-ci survient et pousse Jennifer dans une fosse aux cadavres en décomposition, attaqués par une armée de vers sarcophagus. En se brisant une main, l'inspecteur parvient à se libérer partiellement et aide Jennifer à fuir.
Jennifer entend des pleurs d'enfants : ce sont ceux du fil de Mme Bruckner qui se révèle aussi monstrueux que l'indiquait sa mère. Il la poursuit alors qu'elle s'enfuit sur un petit bateau à moteur. Sa lance meurtrière perce le réservoir. Jennifer appelle les insectes à l'aide et ils s'agglutinent autour du fils Bruckner l'obligeant à plonger dans le lac. Le feu dû à l'essence déversée embrase le bateau et Jennifer plonge à son tour dans le lac parvenant à se dégager de l'emprise du fils Bruckner au visage rongé par les insectes. Le feu vient finalement à bout de lui pendant que Jennifer regagne le rivage.
Là, elle croit être sauvée en voyant Shapiro venir la chercher en voiture. Mais il a la tête tout à coup tranchée. Mme Bruckner était parvenue à se défaire de l'inspecteur et à le tuer. Elle va égorger Jennifer quand la chimpanzé de McGregor surgit un rasoir à la main et l'égorge pour venger son maître. Jennifer la réconforte consciente que l'animal est meurtri par la vengeance sanglante qu'il vient de commettre.
Les meurtres sanglants, typiques du giallo ne manquent pas : ainsi la jeune touriste poignardée, défenestrée devant la cascade puis décapitée; Sophie poursuivie et poignardée en rêve puis Sophie poursuivie et victime d'une tige télescopique pointue, McGregor tué sur son fauteuil. On compte aussi une tête putréfiée d'où sortent des vers et une main tranchée soumise au même sort. Le morceau de choix reste quand même la fosse où croupissent les morts du fils de Mme Bruckner. Et quand on croit que c'est fini, s'ajoutent la décapitation surprise de Shapiro et l'égorgement de la folle, Mme Bruckner, par la chimpanzé. Incontestablement cette surenchère marque la fin de période de gloire du giallo, contraint d'aller toujours plus loin.... mais avec encore beaucoup d'invention et de rythme.
Dans le générique de début, les auteurs de la bande-son sont cités immédiatement après les acteurs. Les choix musicaux font en effet beaucoup pour le rythme et l'atmosphère du film allant même jusqu'au lyrisme funèbre lors de la découverte par la police de McGregor, filmé en plongée à la grue.
Lumineuse présence de Jennifer Connoly tout juste sortie de son rôle d'adolescente, danseuse déjà sublime, dans Il était une fois en Amériques. Souvent vêtue de blanc, elle apparaît comme un ange pur et sensuel communiquant avec les insectes. La séquence de l'incendie sur le lac répond comme une purification à la souillure de son bain dans la fosse aux cadavres putréfiés.
Jean-Luc lacuve, le 4 août 2018