Cette peinture semble à première vue se composer d'un fouillis de couleurs vives et de formes abstraites. On distingue néanmoins des troncs d'arbres et des racines sur un terrain en pente. Ce sont des arbres utilisés pour le bois, qui poussent dans une carrière de marne (roche sédimentaire, mélange de calcite et d'argile utilisée autrefois pour la construction). De telles carrières se trouvaient autour d'Auvers. Le tableau n'est pas été entièrement terminé.
C'est probablement le dernier tableau de Van Gogh. Andries Bonger, beau-frère de Théo, frère de Vincent, l'a décrit dans une lettre : "Le matin avant sa mort, il avait peint un sous-bois plein de soleil et de vie".
Wouter van der Veen, chercheur et auteur de plusieurs livres sur le peintre, entreprend en mars 2020 de classer d’anciennes cartes postales qu’il avait déjà numérisées, des photos d’Auvers-sur-Oise datées des années 1910, période à laquelle le village ressemblait encore à celui où Van Gogh avait vécu ses derniers mois et peint ses dernières toiles, vingt ans plus tôt. L’une d’elles, la numéro 37, est un cliché en noir et blanc d’un homme de dos, à l’arrêt à côté de son vélo, sur une route bordée d’arbres, rue Daubigny. Wouter van der Veen zoome sur les vieux arbres, leurs racines mises à nu par l’érosion du taillis et pense au dernier tableau de Van Gogh, Racines d’arbres, œuvre inachevée, dont des recherches poussées et récentes ont établi que c’était le dernier, celui sur lequel il travaillait encore au moment de sa mort, à 37 ans.
Wouter van der Veen soumet son hypothèse àTeio Meedendorp, du Musée Van Gogh d’Amsterdam avec lequel il travaille depuis des années. Difficile de lier une photo à la peinture, surtout avec l’angle de celle-ci, de se fier à des paysages qui changent si vite. Teio Meedendorp et son acolyte du musée, Louis van Tilborgh, calculent alors les distances, les angles, les proportions, ils consultent un dendrologue, spécialiste des arbres et des végétaux ligneux, qui estime pour eux l’évolution possible des bois qui s’entrelacent sur la carte postale. C’est la photo de l’endroit comme il existe aujourd’hui qui est finalement venue confirmer l’hypothèse, après cinq semaines d’étude. « Tout était encore là, il y a cette racine horizontale, l’arbre devant. J’étais convaincu. C’était difficile à contester », poursuit Teio Meedendorp. C’est donc par là que Vincent s’en allait « au paysage ». Vers les blés. C’est juste derrière l’auberge où il logeait, à 150 mètres. Après tout, il n’a jamais peint que ce qui était sur son chemin, ou ceux qui étaient sur son chemin.
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