Dans les manières radicales et obsessionnelles dont il se projetait, Egon Schiele a mis en scène son corps, en quelque sorte, et à travers des mimiques et des gesticulations corporelles, l'a amené à la limite de ce qui est anatomiquement possible. L'un des premiers temps forts de ce fut la peinture de 1910 Nu masculin assis (autoportrait). L'artiste de 20 ans s'est présenté nu, dans une position physique presque douloureuse. La peau, et avec elle la surface sensuelle du corps, est affichée avec chaque tendon, muscle et os mis en valeur, donnant au corps une apparence presque écorchée. Il projette ce corps fragmenté sur la toile sans contexte narratif apparent. La chair jaune-vert, les yeux rouge vif, les mamelons, le nombril et les organes génitaux sont très éloignés de toute palette de couleurs naturalistes. La recherche de l'ego de Schiele, poursuivie dans d'innombrables autoportraits, forme une réflexion sur la quintessence de l'existence humaine, dans laquelle Eros et Thanatos jouent les rôles principaux.