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L'enfant à la poupée

1892

L'enfant à la poupée
Henri Rousseau, 1892
huile sur toile, 67 x 52 cm
Paris, Musée d'Orsay

L'enfant qui vous regarde droit dans les yeux apparaît comme une figure inquiétante et hypnotique. Ses traits n'ont rien d'enfantin. Son corps semble gigantesque et disproportionné. Les jambes qui disparaissent curieusement dans l'herbe sont énormes par rapport aux bras, surtout le bras droit qui tient une poupée populaire en carton.

Le corps est représenté à "l'égyptienne" : haut du corps de face mais jambes de profil. Le modelé est pratiquement inexistant et les pois blancs qui ponctuent la robe rouge de la fillette accentuent la planéité du personnage qui semble littéralement collé sur le fond.

Le paysage est réduit à l'extrême : un ciel bleu presque uniforme et une prairie parsemée de fleurs qui rappelle les tapisseries médiévales. Cependant Rousseau crée un léger effet de perspective par l’assombrissement de l'herbe au loin et par la diminution de la taille des marguerites. L’ombre sous les fesses de l'enfant est peinte à la manière des enluminures.

Rousseau retrouve l'esthétique des "primitifs" français ou italiens à une époque fascinée par les primitivismes en tout genre. C'est une facette de son art qui fascine ses contemporains et qui fait écrire à André Lhote (1885-1962) : "Il eut au Moyen Âge fait les délices de la foule..." ou à Arsène Alexandre (1859-1937), critique d’art, qu'il était "le Paolo Ucello de notre siècle."