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Certaines des toiles les plus puissantes de Rembrandt, surtout celles réalisées à la fin de sa vie, représentent des hommes et des femmes plongés dans leurs pensées, représentés avec un coup de pinceau audacieux et des effets de lumière dramatiques et ombragés. Affalé sur le côté sur une chaise, une main agrippant l'accoudoir en bois et l'autre reposant légèrement sur sa tempe, cet homme âgé est dans cet état d'esprit. Ses yeux sont baissés vers le sol, et la lumière qui éclaire son corps obliquement depuis l'arrière de son épaule gauche les plonge dans une ombre profonde. Il ne s'agit pas d'un portrait individuel, mais d'une étude d'un « type de personnage », un genre pictural qui se prête bien plus à l'expérimentation qu'un portrait formel. Et ce tableau semble être hautement expérimental.
Rembrandt a capturé l'éclat de l'ongle de l'homme et la peau sèche de son poignet par de simples touches et taches de peinture blanche. Des pigments blancs et jaunes éclatants évoquent le chatoiement du col de fourrure et du morceau de soie ou de satin jaune qui le jouxte. Ces rehauts, ainsi que le crâne dégarni de l'homme, le duvet grisonnant de ses cheveux, la partie supérieure de son visage et le montant en bois de la chaise juste derrière, sont les seuls éléments du tableau à avoir été articulés avec précision. Bien qu'évoqués avec parcimonie par endroits, avec relativement peu de coups de pinceau, ils restent convaincants même en observant le tableau de près. Le reste du tableau est beaucoup plus grossièrement esquissé. Les rehauts de la manche gauche, par exemple, ne sont représentés qu'avec une demi-douzaine de coups de pinceau très larges. Il faut se tenir loin de la toile pour que l'illusion fonctionne.
Ce style pictural très suggestif, parfois assez brut, était très novateur pour l'époque et cette approche est devenue plus typique de l'œuvre de Rembrandt avec l'âge. Cependant, certaines études ont soutenu que les incohérences – et une certaine maladresse perçue – dans le style pictural ne constituent pas une expérimentation. Ils soulignent également une utilisation inhabituelle de pigments qui soulève des questions quant à la paternité du tableau. Ils suggèrent que, même si Rembrandt a apparemment signé et daté (1652) le tableau lui-même dans le coin supérieur gauche, il pourrait être en partie l'œuvre d'un élève ou d'un disciple contemporain. Dans les Pays-Bas du XVIIe siècle, une signature ne garantissait pas nécessairement la paternité au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Rembrandt employait plusieurs apprentis, encouragés à copier ses tableaux et à créer leurs propres compositions, inspirées de motifs ou de thèmes empruntés à ses œuvres originales. Lorsqu'ils étaient encore apprentis, les élèves n'étaient pas autorisés à signer leurs œuvres ; certaines de leurs meilleures créations ont peut-être été signées par leur maître avant de quitter l'atelier.
Il est difficile de croire qu'un peintre ait pu adopter une approche aussi audacieuse et novatrice pour imiter le style de son maître, et il a récemment été avancé de manière convaincante que cette œuvre représente bel et bien une étape précoce et expérimentale importante dans l'évolution de Rembrandt vers la manière brute de ses œuvres ultérieures.