La Vénus de Lespugue est une statuette en ivoire, et l'une des plus célèbres représentations féminines préhistoriques.
Elle a été découverte le 9 août 1922 par René de Saint-Périer dans la grotte des Rideaux, une cavité située dans les gorges de la Save, à Lespugue (Haute-Garonne). Alors que la fouille du site était achevée, un ultime coup de pioche mit au jour la statuette et l'endommagea fortement. Contrairement à d'autres œuvres analogues, celle-ci a été découverte dans un contexte archéologique précis : l'industrie lithique et osseuse de la couche où elle se trouvait appartient au Gravettien (burins de Noailles, pointes de sagaies à rainures, lissoirs, perles en os), autrefois appelé Périgordien supérieur. Le Gravettien moyen à burins de Noailles est daté d'environ - 26 à - 24 000 ans BP.
La statuette est en ivoire de mammouth. Brisée lors de sa découverte, elle mesure après reconstitution 147 mm de haut, 60 mm de large et 36 mm d'épaisseur. La forme générale correspond aux canons stylistiques mis en évidence par A. Leroi-Gourhan : les seins, le ventre et les hanches s'inscrivent dans un cercle autour duquel un losange inclut la tête et les jambes. La loi de frontalité est respectée. La tête est petite et ovoïde, dépourvue de détails anatomiques. Elle porte des traits gravés plus ou moins parallèles interprétés comme une figuration de la chevelure. Les seins et les fesses sont très volumineux, pratiquement sphériques (stéatopygie). Les jambes sont courtes et se terminent par des ébauches de pieds. Sur la face dorsale, une série de stries longitudinales parallèles part d'un trait horizontal situé sous les fesses. Ces éléments ont fait l'objet de nombreuses interprétations, faisant notamment référence à un vêtement, une sorte de pagne.
Dès sa découverte en 1922, Picasso n’a pu résister au charme de La Vénus de Lespugue. Elle a indubitablement imprégné l’œuvre de l’artiste qui conservait dans son atelier deux moulages de la précieuse statuette. Son ami Brassaï (1899-1984), photographe, y voyait « la quintessence des formes féminines dont la chair, comme suscitée par le désir de l’homme, semble enfler et proliférer ». Quant à Picasso, l’anatomie de la vénus lui a peut-être inspiré directement certaines œuvres, telle Femme lançant une pierre (1931). Puis, plus tard, en 1945, l'œuvre plus tragique, presque cynique : La Vénus du gaz, détournement d’un brûleur de fourneau à gaz monté sur un socle en bois, évocation des horreurs de la Seconde Guerre, hommage aussi aux formes universelles de la femme.
La Vénus de Lespugue | Femme lançant une pierre | La Vénus au gaz |