Peint à Barcelone début 1902. Selon Pierre Daix, le titre de Pierreuses, prostituées qui exerçaient leur activité dans la rue aurait été donné par un ami français de l'artiste. Deux femmes aux épaules découvertes se tiennent attablées au bar. Toute l'attention se pose sur le relief de leurs dos et de leurs chevelures tendis que le fond est peint en aplats de couleurs sombres, aplanissant l'espace. Le décor épuré se réduit à un verre vide au centre de la composition.
Sur une photographie de l'atelier de Picasso à Barcelone en 1902, l'oeuvre apparait juxtaposée à une production du Penseur de Rodin alors que le peintre s'exerce à la sculpture avec Femme assise. Du traitement expressionniste des corps dans les sculptures de Rodin, Picasso retire une manière particulière de traiter l'ombre et la lumière pour traduire le volume des omoplates des pierreuses. L'érotisme des dos nus, les libertés prises avec la représentation du corps de la femme de droite, dont le bras se confond avec le buste, et le cerne sombre délimitant les formes évoquent aussi l'art de Gauguin
Pierreuses au bar fait partie des premières toiles achetées directement par Gertrude et Léo Stein à Picasso qu'ils rencontrent à l'automne 1905. Visible sur les photographies du salon du 27, rue de Fleurus, l'oeuvre serait restée dans la collection de Gertrude Stein jusqu'en 1935 avant d'entrer dans la collection Chrysler de New York. Elle entre au Museum of Art d'Hiroshima en 1978.
Source : Catalogue de l'exposition Picasso Bleu et rose , Musée d'Orsay, 2018.