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Nuit étoilée

1924

Nuit étoilée
Edvard Munch, 1922-24
Huile sur toile 120,5 x 100,5 cm
Oslo, Musée Munch

La peinture évoque dans sa partie supérieure La Nuit étoilée de Van Gogh qui se trouve actuellement au Moma de New York et que Munch a pu voir à Paris dans les galeries au début des années 80-90.

En bas, il y a un profil, et ce profil c'est Edvard Munch. C'est un autoportrait caché. L'ombre est un motif très important dans la culture du nord. Dans la littérature romantique, chez Andersen par exemple, il y a une histoire qui s'appelle « L'Ombre », où l'ombre s'autonomise et devient un vrai personnage.

Il y a aussi une deuxième ombre dans le tableau, en bas de l'escalier. La scène se déroule à Ekely dans la banlieue d'Oslo, où Munch s'est acheté une grande maison atelier en 1916. Une grande maison qui a un escalier d'entrée avec des pierres. Cet escalier existe toujours. Cette ombre au milieu nous ramène vers une autre source d'inspiration de Munch : une pièce d'Henrik Ibsen, autre grand artiste norvégien, qui s'appelle John Gabriel Borkman. La pièce raconte l'histoire d'un banquier déchu, incarcéré pour avoir détourné des fonds. Il revient chez lui et il s'emprisonne dans son appartement. A la fin, il s'échappe de cet appartement qui est devenu sa prison, et il s'enfuit dans la nature, dans la neige. C'est la dernière scène de la pièce, dans laquelle il va essayer de retrouver son premier amour. On sait que Munch s'identifie à ce personnage, pas par le fait qu'il soit banquier, mais parce que c'est un personnage traumatisé par ses anciennes amours.

On retrouve dans ce tableau la façon qu'a Munch de travailler de façon très diluée. On voit sur la droite la peinture qui dégouline. Ça peut être aussi la coulure de la pluie. Il faut savoir que Munch avait fait construire des ateliers à l'extérieur. Il aimait poser ces peintures dehors. Il voulait ainsi donner une patine à ses peintures. C'est une façon d'éviter l'achèvement. Munch détestait tout ce qui était achevé. Il voulait garder une forme assez brute et accidentée à son travail. Il aimait bien laisser la nature achever son œuvre. Il considérait d'ailleurs ses peintures comme sa progéniture, et il les mettait à l'extérieur comme des enfants qu'on veut revigorer.


Source : Angela Lampe, commissaire de l'exposition, Edvard Munch, l'œil moderne.

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