Le sujet est tiré des Facta et dicta memorabilia de
Valère Maxime, un recueil populaire d'anecdotes vertueuses depuis le
Moyen Age. Dans une énumération d'exemples de piété filiale, Valère
Maxime rapporte le cas d'une femme qui allaita sa mère en prison, puis
le cas similaire de Pero qui donna le sein à son père Cimon. L'abondante
iconographie de cet épisode (et l'absence totale d'image pour le premier)
trouve un parallèle dans le long commentaire que l'auteur antique consacre
à cette anecdote brièvement contée : les hommes restent émerveillés
par cette histoire lorsqu'ils la voient figurée en peinture, une représentation
qui, avec des formes muettes, redonne vie à cette scène antique et suscite
à nouveau l'admiration. La représentation de Pero en pur profil manifeste
une recherche de dignité héroïque pour un sujet souvent d'une sensualité
ambigüe. Pero n'est pas ici une jeune fille apeurée mais une impassible
allégorie de la Charité.
Probablement né à Nancy vers 1598, il reçoit une première
formation en Lorraine où vient d’être dévoilée l’Annonciation du Caravage,
oeuvre extrêmement moderne pour l’époque. Il se fixe à Rome vers l’âge
de 20 ans et va dès lors mener une carrière toute italienne entre Rome
et Naples. Il devient l’une des personnalités importantes des foyers
romains et napolitains aux côtés d’artistes prestigieux tels que Simon
Vouet, Nicolas Poussin, Giovanni Lanfranco et Andrea Sacchi. Charles
Mellin bénéficie se nourrit de l'influence de Simon Vouet lors de son
séjour à Rome et connaît une rapide faveur. En 1630, il obtient la commande
de la Chapelle de la Vierge à Saint-Louis-des-Français à Rome pour laquelle
l’artiste lorrain sera préféré à Poussin. Par la suite, Mellin travaille
à des tableaux d'autel et pour des chantiers décoratifs importants :
fresques pour l’infirmerie et le cloître de la Trinité-des-Monts à Rome,
puis pour l’abbaye de Montecassino à partir de 1634, ensemble malheureusement
détruit pendant la seconde guerre mondiale. L’artiste meurt à Rome le
21 septembre 1649. Il est connu et cité par les plus fameux historiographes
du XVIIème siècle et ses oeuvres sont gravées. Il semble donc doté de
tous les atouts qui permettent d’ordinaire à la mémoire d’un artiste
de parvenir jusqu’à nous sans éclipse. Par une suite de malchances et
de destructions, les oeuvres de Mellin, prématurément disparu sans descendant
ni héritier proche, devaient au contraire connaître une longue période
d’oubli.
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