A l'origine, les éponges sont pour Klein un moyen d'appliquer la couleur sur le support par imprégnation, évitant le tracé du pinceau. La découverte de "la beauté du bleu dans l'éponge", redoublant l'intensité du pigment, le conduit à l'utiliser comme "matière première". La forme anonyme du végétal s'impose comme l'équivalent du monochrome peinture.
Déjà au printemps 1958, Klein déclare : "Grâce aux éponges, matière sauvage vivante, j'allais pouvoir faire les portraits des lecteurs de mes monochromes qui, après avoir vu, après avoir voyagé dans le bleu de mes tableaux, en reviennent totalement imprégnés en sensibilité comme des éponges". Déclaration suivie par la réalisation de cinq sculptures intitulées Lecteur ou Veilleur. Mais celles-ci, considérées parfois comme une facile figuration, ne font qu'introduire à une recherche beaucoup plus ample, marquée par la production abondante de quelque 215 sculptures-éponges (1958-1962). Plutôt que "portraits", les éponges dressées, saturées de bleu IKB, semblent, en effet, poursuivre l'objectif d'autonomisation de la couleur, de sa "prise directe" dans l'espace réel.
Dans L'Arbre, grande éponge bleue, la fine tige métallique, nécessaire à la lévitation artificielle, prend l'importance d'un "socle". Klein, en lui assignant le titre, d'Arbre, veut une fois de plus précéder la tentation "sentimentale" d'une identification réaliste par le spectateur : "Le dessin, c'est de l'écriture dans un tableau. On dessine un arbre, mais ça reviendrait au même de peindre une couleur et d'écrire à côté : arbre".