Composition VII est une œuvre de format monumental dont la gestation fut particulièrement longue et complexe, occupant Kandinsky une partie de l'année 1913. Nombre d'aquarelles, dessins et esquisses, ainsi que six études à l'huile de plus grande dimension, en sont conservées. Néanmoins, d'après le témoignage de la peintre Gabriele Münter, alors compagne de l'artiste, elle fut peinte en seulement quatre jours, du 25 au 28 novembre 1913.
Ce tableaue appartient au corpus réduit des dix Compositions peintes par Kandinsky, les sept premières entre janvier 1910 et novembre 1913 (la n°7) à Munich ; la huitième en 1923, au Bauhaus à Weimar ; les neuvième et dixième à Paris (respectivement en 1936 et 1939). Malheureusement, les trois premières Compositions, peintes en 1910, qui étaient conservées dans des collections particulières en Allemagne, furent détruites pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n'en subsiste que des photographies en noir et blanc et quelques esquisses.
Dans Du Spirituel dans l'art (publié en décembre 1911), Kandinsky présente ses tableaux comme appartenant à trois « genres » : les Impressions (« impression directe de la "nature extérieure" ») ; les Improvisations (« principalement inconscientes (…), donc impressions de la "nature intérieure" ») ; les Compositions (« expressions se formant toujours lentement…, que je reprends longuement et d'une manière presque pédante après les premières ébauches »). Kandinsky précise que, dans les Compositions, le « conscient, l'intentionnel, l'efficacité jouent un rôle prédominant » bien que ce soit « le sentiment qui l'emporte toujours ».
Composition VII entretient des liens profonds avec les deux précédentes, la Composition V, achevée le 17 novembre 1911 et la Composition VI, achevée le 5 mars 1913. Ces liens ne concernent pas seulement la technique, mais surtout les thèmes. Malgré leur aspect résolument abstrait, ces trois peintures ont en effet, comme Kandinsky l'a lui-même indiqué, des thèmes religieux : la Résurrection pour la n°5 et le Déluge pour la n°6. Quant à la n°7, le thème général en est le Jugement Dernier.
Les sources externes en sont aussi bien les loubki (peintures populaires russes du xviie siècle) qu'une œuvre peu connue en France : Le Jugement Dernier (1836-1839) de Peter von Cornelius, une immense fresque peinte au-dessus de l'autel de l'église Saint-Louis à Munich et que, par conséquent Kandinsky connaissait fort bien. À ces diverses sources, Kandinsky emprunte les éléments formels principaux de sa Composition VII : le grand ovale souligné de vert et de noir, ainsi que le rectangle noir irrégulier au centre. Comme souvent dans les grandes œuvres du peintre, l'impression générale est celle d'un ample mouvement enveloppant, allant du coin inférieur gauche à l'angle supérieur droit, créant un dynamisme qui emporte les éléments de la composition. Ce mouvement incarne une aspiration spirituelle et désigne l'art, singulièrement l'abstraction, comme un moyen de salut face au matérialisme de l'époque.
Signalons enfin, à propos de Composition VII, la controverse autour de la Première aquarelle abstraite, signée et datée « 1910 » par Kandinsky. L'artiste ayant lui-même déclaré que sa première œuvre abstraite datait de 1911, plusieurs historiens (notamment Klaus Brisch - dès 1955 - et Kenneth Lindsay) ont conclu que cette aquarelle avait été antidatée. Elle serait, selon eux, de 1913 et ils en font une esquisse de Composition VII.