L'employé de bureau est isolé à la fois physiquement et émotionnellement. Il n'y pas d'indication de profession particulière. En bras de chemise, il apparaît, dans un moment de rêverie plus que de travaille. La culture de l'entreprise américaine d'après-guerre est retranscrite dans ce mobilier de bureau fabriqué en série en phase avec l'atmosphère impersonnelle du bureau lui-même.
En dépit de la lumière et de l'espace permis par son bureau d'angle, l'employé semble pris au piège, encadré une première fenêtre alors que sa tête semble arrêtée par une autre fenêtre. Seule trace d'artisanat la fausse façade décorative en bas à droite.
Le Metropolitan acquière ce tableau très peu de temps après son achèvement, et l'inclus lors de l'ouverture de ses nouvelles galeries d'art américain en Décembre 1953.
Hopper s'intéresse toujours aux classes moyennes de l'Amérique profonde qui ont maintenant surmonté la crise des années 20, il n'a pas la compassion sociale de l'Ashcan school. L'homme d'affaires de 1953 ressemble à ceux que dessinait Hopper en 1912 pour illustrer un manuel de techniques du commerce. Mais c'est l'appauvrissement spirituel de l'homme moderne, sa vacuité irrémédiable que ce pessimiste de formation évangéliste va désormais dénoncer en nimbant ses personnages sans espoirs d'une illumination dont la métaphysique reste énigmatique.