Peint dans les environs de Pontoise où l'artiste vit de 1873 à 1882, ce tableau est l'une des cinq oeuvres présentées par Camille Pissarro à la première exposition du groupe impressionniste en 1874. Le critique Louis Leroy écrit alors : "Qu'est-ce que c'est que ça ? - Vous voyez, une gelée blanche sur des sillons profondément creusés. - ça des sillons, ça de la gelée ?... Mais ce sont des grattures de palette posées uniformément sur une toile sale. ça n'a ni queue ni tête, ni haut ni bas, ni devant ni derrière." D'autres critiques se montrent plus compréhensifs, tels Philippe Burty : "Un effet de Gelée blanche, par M. Pissarro rappelle la donnée des meilleurs Millet."
Le travail au couteau, la densité de la touche donnent un paysage compact, bouché, où l'air semble ne pas circuler. Cette sensation est accentuée par les diagonales montantes des sillons qui scandent la composition. Le personnage qui porte un fardeau paraît également écrasé par la lourdeur de ce paysage hivernal et pesant. La technique de Pissarro répond et concourt à l'impression que transmet le motif choisi. Malgré une touche plus large, malgré une analyse de la lumière moins aiguë que chez Monet à la même époque, la Gelée blanche, en saisissant un instant particulier d'une journée hivernale, s'inscrit dans les recherches impressionnistes.