Véritable chef-d’œuvre de légèreté et de transparence, les halles édifiées par Baltard s’imposèrent aussitôt comme le symbole de la nouvelle architecture métallique dans l’esprit des contemporains et devinrent une source d’inspiration pour les écrivains et les artistes. L’un des premiers à célébrer la modernité des halles avant même leur achèvement fut Émile Zola, qui leur consacra son célèbre roman Le Ventre de Paris. Fasciné par le dynamisme et l’énergie dont débordait le lieu, il brosse une peinture passionnante de la vie quotidienne dans les pavillons, dont il décrit avec force détails la débauche d’odeurs, de couleurs et de bruits divers.
À la suite de Zola, dont il était un fervent admirateur, le peintre réaliste Victor-Gabriel Gilbert a également consacré plusieurs toiles à ce thème dans les années 1880, s’efforçant d’en restituer l’ambiance pittoresque et bigarrée. Celle-ci représente une scène de marché en plein air sur la place principale, le Carreau, située sur le côté de l’église Saint-Eustache, où les jardiniers-maraîchers disposaient de places fixes. Les chalands se pressent autour des étals jonchés de fruits et légumes variés que gardent des paysannes aux formes généreuses, la tête couverte d’un fichu. À l’arrière-plan, un trafic intense anime les rues voisines, noyées sous un flot de voitures à cheval et de promeneurs.