Cette très célèbre statue a été trouvée dans le cimetière de l'Ancien Empire à Sakkara, malheureusement dans des conditions telles que l'identité du personnage représenté nous demeure inconnue.
Nul doute qu'il s'agissait d'un homme important, à en juger par la qualité exceptionnelle de sa statue, remarquable par le traitement admirable du visage et du corps, et le soin porté à l'incrustation des yeux dans un cadre de cuivre. La position des mains, prêtes à écrire, ne doit pas nous tromper : ce n'est pas un simple employé de bureau ; en effet les plus anciennes statues "en scribe" sont des effigies de princes aux responsabilités politiques élevées.
Les couleurs d'origine, la vivacité du regard et l'intelligence de la physionomie comptent pour beaucoup dans la présence de cette oeuvre
Le personnage, assis en tailleur, serre, entre cuisses et mollets, son pagne court pour offrir un support à la feuille de papyrus déroulée. Son visage présente des traits qui dénotent la qualité d’observation du sculpteur : l’ossature sous-jacente, les lèvres minces et pincées, les narines dilatées donnent l’impression d’un portrait. L’artisan a également soigné le regard : les incrustations de cuivre, de magnésite et de cristal de roche ajoutent une note de réalisme à l’œuvre.
L’épaisseur de la poitrine et du ventre évoquerait-elle l’aspect sédentaire de la fonction administrative ? Dans son inventaire, l’archéologue Mariette note : "19 novembre 1850. Dans un puits situé au nord du Serapeum, n° 2902 : statue peinte, en calcaire, représentant un personnage accroupi à l’orientale. Pas d’inscription."
La composition générale de la statue est basée sur le triangle : du bas du dos à la pointe des genoux, du sommet du crâne aux genoux, créant ainsi une figure stable et équilibrée. Les couleurs utilisées selon les conventions soutiennent le réalisme de la statue : sa peau est peinte en ocre rouge, la couleur des hommes (les femmes sont peintes en ocre jaune), ses cheveux courts, en noir, comme le sol sur lequel il est installé, la terre fertile d’Egypte.
L’absence de texte empêche une identification et une datation certaines. Toutefois, la qualité de l’œuvre classe son propriétaire parmi les grands dignitaires ayant accès aux meilleurs ateliers de sculpture ; la position du personnage et le matériel dont il se sert désignent un cadre supérieur de l’administration royale. En effet, les statues de même catégorie, inscrites, représentent toujours ceux qui sont chargés des plus hautes fonctions et font partie de l’entourage du souverain.
Par le style, réaliste et conventionnel à la fois, ce scribe s’inclut dans les productions du début de la Ve dynastie, vers le milieu du troisième millénaire avant J.-C.
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