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Alors qu’Annibal Carrache avait placé sa Sainte Famille clairement lisible au centre de sa composition, le Dominiquin choisit de la représenter dans l’angle inférieur droit (saint Joseph marchant derrière la Vierge montée sur un âne et tenant l’Enfant Jésus), au pied d’un arbre aux proportions impressionnantes. Il est possible que cette solution de décentrer le groupe biblique et, plus encore, l’état sombre souvent mentionné de la toile expliquent que le sujet fut souvent méconnu dans les inventaires. Son historique est pourtant particulièrement bien renseigné. Acheté par Louis XIV au sculpteur Gaspar Marsy en 1668, ce tableau avait été auparavant la propriété du cardinal Mazarin qui l’avait acquis en 1646 de la famille du cardinal Ludovico Ludovisi qui possédait l’œuvre dès 1623. Bien qu’il en modifie la syntaxe, le Dominiquin est resté fidèle aux différentes inventions de Carrache. La scène est toujours dominée par de solides constructions, les parties boisées alternent avec une étendue d’eau qu’anime une cascade et le paysage se développe avec poésie en profondeur dans les lointains bleutés. Cependant, par son interprétation et son utilisation personnelle de ces éléments, il rend sa composition plus dynamique et plus monumentale, reléguant les figures à un rôle secondaire par rapport au spectacle de la nature. D’une taille exceptionnelle dans son œuvre, ce paysage constitue ainsi l’une des créations les plus significatives pour l’histoire de la peinture de paysage au XVIIe siècle. Texte : Guillaume Kientz pour l'exposition Nature et idéal, le paysage à Rome 1600-1650
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