L'annonciation, prédelle du Retable de Santa Lucia dei Magnoli
Domenico Veneziano, c. 1445
Tempera sur bois, 27 x 54 cm
(Fitzwilliam Museum, Cambridge)

Pour Daniel Arasse, la porte du fond dans la muraille crénelée est celle d'une ville, forcement très solide, qui ferme le jardin clos de la Vierge. La porte, inscrite au centre du tableau cache le point de fuite comme la colonne dans L'annonciation d'Ambrogio Lorenzetti. Mais quand on regarde le verrou, on s'aperçoit que c'est celui d'une porte de placard, c'est à dire qu'il est minuscule et qu'on peut le manier à la main alors que si c'était celui d'une ville, il serait impossible à manier.

Pour Arasse, Domenico Veneziano a volontairement commis cette erreur, car cette porte n'entre pas dans la perspective, elle lui échappe, elle est non commensurable parce qu'elle est la figure de l'incarnation. La porte est à la fois le symbole du Christ, "Jésus est la porte" et celui de la Vierge. La porte c'est Jésus dans la Vierge, c'est donc forcement l'Incarnation qui échappe à la commensurabilité de la perspective qui raconte l'histoire visible de l'Annonciation.

 

Source : Daniel Arasse, Histoires de peintures, chap. 5 : Perspective et annonciation. Denoël, 2004.

Retour à la page d'accueil de la section Beaux-Arts