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Salon du roi de l'Assemblée nationale

1838

Salon du roi de l'Assemblée Nationale
Eugène Delacroix, 1838
Assemblée Nationale

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Eugène Delacroix reçoit en août 1833 d’Adolphe Thiers, qui deviendra bientôt ministre de l’Intérieur, sa première commande officielle, la décoration du salon du Roi au Palais Bourbon. L'année précédente son séjour décisif en Afrique du Nord lui révèle les effets de la lumière sur les couleurs et l'amène à changer sa palette et à équilibrer romantisme et classicisme.

Le choix de Thiers intervient « malgré les avis charitables de mes ennemis -comme l'écrit Delacroix dans ses souvenirs connus par citation- et même de mes amis qui lui disaient comme à l'envi que c'était me rendre un mauvais service, attendu que je n'entendais rien à la peinture monumentale et que je déshonorerais les murs que je peindrais. » Il déclenche le scepticisme de la critique : « [...] c'est un peintre aussi insouciant de sa gloire, aussi peu sûr de son œuvre, que l'on choisit sur de telles ébauches, sur de simples indications de pensées, pour décorer une salle entière dans le palais de la Chambre des députés, c'est à un tel peintre que l'on confie une des plus grandes commandes de peinture monumentale qui ait lieu de nos jours. En vérité, la responsabilité est ici plus qu'engagée elle pourrait être bien compromise. »

Le montant de la commande, initialement fixé à 30 000 francs fut porté par la suite à 35 000 francs. Delacroix témoigne à Thiers sa reconnaissance : « Vous m'avez offert, par pure amitié pour moi, une de ces occasions décisives qui ouvrent à un artiste une carrière toute nouvelle et qui doivent l'agrandir nécessairement, si elles ne mettent à nu son impuissance. »

Le décor devait s’inscrire dans les réaménagements conçus par Jules de Joly et achevés en 1832, la reconstruction de la salle des séances, autour de salles, dont le salon du Roi, et de la bibliothèque.

Cet ensemble est composé d’un plafond, avec une verrière centrale entourée de huit caissons (quatre grands et quatre petits), de quatre frises situées au-dessus des portes et fenêtres, et de huit pilastres. Il fut peint à l’huile, sur toiles marouflées, et les frises à l’huile et à la cire, directement sur le mur afin d’obtenir une matité plus proche de la détrempe. Les pilastres furent peints eux aussi sur les murs, en adoptant la même technique, mais en grisaille. Cette commande fut terminée au début de 1838 et réalisée sans collaborateurs, excepté des ornemanistes pour les décors dorés, en particulier Charles Cicéri (1782-1868), peintre décorateur et aquarelliste, qui se fit connaître au Salon de 1827, en exposant des aquarelles.

Dans les quatre caissons principaux, il a représenté quatre figures allégoriques symbolisant pour lui, les forces vives de l’État : la Justice, l’Agriculture, l’Industrie et le Commerce, et la Guerre. Les quatre plus petits, disposés aux quatre angles de la pièce, entre les caissons principaux, sont couverts de figures d’enfants, avec des attributs, comme La chouette de Minerve pour la Sagesse, La massue d’Hercule pour la Force, Le ciseau et le marteau pour les Arts.

Dans les trumeaux allongés, séparant les fenêtres et les portes, ont été peints en grisaille, les principaux fleuves de France la Loire, le Rhin, la Seine, le Rhône, la Garonne et la Saône). L’Océan et la Méditerranée, cadre naturel du pays, ont été placés des deux côtés du trône. Son travail fut bien accueilli par les critiques, qui, dans leur ensemble, lui reconnurent les talents d’un grand décorateur, à l’égal d’un Primatice ou d’un Rosso. Pour eux, Delacroix avait su allier intelligence et culture, en choisissant des thèmes adaptés à l’espace et au volume du lieu à décorer. La Salle du Trône (aujourd’hui appelé salon Delacroix), où le roi se rendait pour inaugurer les sessions parlementaires, était effectivement une pièce ingrate à décorer, de format carré, d’environ 11 mètres de côté et qu’il dut faire aménager.

Source : Assemblée nationale