L'Âge mûr dit aussi La Destinée ou
Le Chemin de la vie ou encore La Fatalité (1894-1900) est une
des sculptures majeures de Camille Claudel. Il en existe une version
en plâtre et deux épreuves en bronze, exposées respectivement
aux musées d'Orsay et Rodin.
En 1883, Camille Claudel âgée de 19 ans, fait la connaissance
d'Auguste Rodin et devient son élève et sa muse. Elle
partage son atelier, participe activement à de nombreuses uvres
du maître et entretient avec lui une relation artistique et amoureuse
passionnée et tumultueuse durant 10 à 15 ans. En 1898,
Camille Claudel quitte son maître et amant après avoir
tenté sans succès d'évincer Rose Beuret, compagne
de Rodin. Rodin refuse les demandes en mariage de Camille Claudel qui
sombre alors dans la démence avant d'être finalement internée
en 1913.
La première version de LÂge mûr,
dont on ne possède quun exemplaire en plâtre, est
datable de 1894-1895 daprès la lettre envoyée par
Camille Claudel à son frère Paul, alors consul à
New York, en décembre 1893, où elle est désignée
par lartiste sous le titre du "groupe des trois". La
sculptrice envisageait dintroduire un arbre penché dans
le groupe pour exprimer plus fortement encore lidée de
destinée, centrale à ses yeux : "Je suis toujours
attelé à mon groupe de trois. Je vais mettre un arbre
penché qui exprimera la destinée".
Après la rupture entre Camille Claudel et Rodin, ce dernier essaye
de l'aider par personne interposée et obtint du directeur des
Beaux-Arts une commande de l'État : L'âge mûr
est commandé en 1895 et exposé en plâtre en 1899
au Salon de peinture et de sculpture de la Société nationale
des beaux-arts, mais le bronze ne fut jamais commandé et le plâtre
ne fut jamais livré par Camille Claudel. au Dépôt
des marbres. C'est le capitaine Tissier qui finalement commanda le premier
bronze en 1902. Il est fondu Thiébaut et plus tard exposé
au musée d'Orsay. Un second bronze est fondu par Frédéric
Carvilhani après 1913 et exposé lui au musée Rodin.
Le plâtre qui avait servi de modèle à cette deuxième
version de l'âge mur a disparu.
Le groupe évoque l'hésitation de Rodin entre son ancienne maîtresse, qui devait l'emporter, et Camille qui, pour le retenir, se penche en avant. Elles'y incarne sous les traits d'un personnage qu'elle nomme l'Implorante, marquant ainsi le tragique attaché à sa destinée. L'homme à la fin de sa maturité est vertigineusement entraîné par l'âge tandis qu'il tend une main inutile vers la jeunesse.
Paul Claudel en parlait ainsi : "Ma sur Camille, implorante, humiliée à genoux, cette superbe, cette orgueilleuse, et savez-vous ce qui s'arrache à elle, en ce moment même, sous vos yeux, c'est son âme". En 1952, il fera don au musée Rodin de la version en bronze de 1913.
Cette interprtéation autobiograhique apparaît surtout comme une variation autour du thème de la destinée. Camille Claudel réalise une oeuvre symbolique qui entraîne une méditation sur les rapports humains. Dans un mouvement dirrésistible entraînement, lhomme, encore tenu fermement par la jeunesse et la vie dans la première version, est arraché dans la seconde aux bras tendus de la jeune suppliante par la vieillesse et la mort. Les figures nues sont entourées de draperies volantes qui accentuent la rapidité de la marche. Les grandes obliques qui fuient, les drapés tourmentés, les ombres violentes rapprochent cette deuxième version de lesthétique Art nouveau.