Ce panneau constitue l'une des quinze répliques qui furent réalisées d'après un original de Pieter Bruegel l'Ancien daté de 1566, aujourd’hui conservé au musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles. Il est l’œuvre de Pieter II, fils aîné du peintre, qui reprit les modèles de son père à partir de 1584, soit près de trente ans après sa mort
La scène est inspirée de l'Évangile selon saint Luc (II, 1-5) : il s’agit du premier recensement ordonné par l’empereur Auguste : chacun devait aller se faire enregistrer dans sa ville d’origine. Joseph partit ainsi avec Marie pour le village de Bethléem en Judée. C’est pendant ce séjour que naquit Jésus. La Vierge, bien reconnaissable à son grand manteau bleu, porte déjà l’enfant Jésus. Le groupe de soldats que l'on découvre dans la partie supérieure droite du tableau annonce le massacre des innocents ordonné par le roi Hérode, en même temps que le dénombrement. Le tableau semble ainsi évoquer l’épisode suivant de la fuite en Egypte.
Le peintre s’est toutefois éloigné de ces sources. En effet, Brueghel représente la scène dans un village brabançon envahi par la glace et la neige Une autre scène, triviale, se superpose alors à l’évocation si discrète de l’épisode religieux. Devant l’auberge signalée par l’enseigne « À la couronne verte », timbrée d’un placard aux armes de Charles-Quint, un officier procède au prélèvement de l’impôt. Un peu plus loin, un bouclier rouge laisse voir la devise de Charles Quint : « PLUS OULTRE » (« encore plus loin »).
L’évocation des événements de la vie quotidienne, désormais centrale, ouvre la voie à une veine nouvelle, à mi-chemin entre le paysage et la scène de genre.