Ce tableau redécouvert récemment, dont le musée possèdait déjà une étude préparatoire, n'est pas seulement une belle démonstration de la suprématie des Vénitiens en matière de coloris. Son iconographie, centrée sur le symbole de la couronne de fleurs, est rarissime. Elle relève d'une dévotion particulière qui n'a pu être élucidée jusqu'à présent. Quoi qu'il en soit, le personnage de saint Jean-Baptiste est abordé ici d'une façon intime et sentimentale qui annonce le XVIIe siècle, du Caravage à Georges de La Tour.
Bordon a sans doute été l'élève du Titien, comme
le montre le paysage, dont la transparence extraordinaire est donnée
par un jeu complexe de glacis. Plus que ses grands tableaux où l'histoire
se joue dans d'impressionnants décors architecturaux qui se mêlent
au paysage, le Saint Jean-Baptiste de Rennes, malgré sa préciosité
maniériste, diffuse cette poésie sereine et mystérieuse
qui rattache l'artiste à Titien.