« On ferme ! ! ! » s’égosillent les gardiens qui arpentent la grande galerie revêtus de leur redingote rouge et coiffés de bicornes. Scène humoristique dépeignant l’heure de la fermeture de l’avant-dernier salon organisé au Louvre, le tableau de Biard illustre les conditions matérielles de l’organisation de l’exposition : toiles entassées sur les murs, mal éclairées, illisibles, circulation impraticable dans les salles d’exposition. La fréquentation du public, où l’on reconnaît Sainte-Beuve lisant le journal, est phénoménale ; sur toute sa durée, le Salon enregistre plus d’un million de visiteurs, l’équivalent de la population parisienne de l’époque. Les œuvres exposées font l’objet de commentaires lancés sur le vif, bientôt relayés par les critiques paraissant sous forme de comptes rendus à suivre d’un numéro à l’autre dans les journaux et les revues artistiques, qui font alors leur première apparition. On assiste à des réactions collectives d’enthousiasme ou de rejet, lisibles dans les attitudes et postures variées des visiteurs.