(1335-1400)
|
|
Gothique international |
André Beauneveu, né vers 1335 dans le comté de Hainaut à Valenciennes et mort vers 1400 à Bourges, est un peintre, un sculpteur et un enlumineur actif de 1359 à 1390, qui a travaillé au service du roi de France Charles V et de son frère le duc Jean de Berry. Son œuvre constitue un jalon entre la tradition gothique et le courant réaliste de son contemporain Claus Sluter.
Gisant de Charles V | 1364 | Basilique de Saint Denis |
Comme pour la plupart des artistes de cette période, les renseignements biographiques fiables sur Beauneveu sont extrêmement rares et se limitent à quelques mentions dans les archives ou les registres de comptes de ses commanditaires.
La première mention connue est celle d’un « maistre André peintre », qu’on suppose être Beauneveu, dans les comptes de la duchesse Yolande de Bar en 1359, pour la décoration d'une chapelle dans son château de Nieppe, aujourd’hui détruit. En 1364, André Beauneveu est à Paris et travaille au sein d’un atelier au service du roi Charles V, qui le cite comme « notre estimé Andreu Bauneveu nostre sculpteur », pour la réalisation des tombeaux royaux à l'abbaye de Saint-Denis. Il n'y a aucune mention concernant Beauneveu entre 1367 et 1372. On a suggéré, sur la base du passage du livre IV des Chroniques de Jean Froissart, où ce dernier loue le talent de son compatriote, qu’il a pu travailler en Angleterre, au service de Philippa de Hainaut, mais son nom n’apparaît dans aucun document. En 1372, la présence de Beauneveu est attestée dans diverses villes du Hainaut et des Flandres (Valenciennes, Tournai, Courtrai, Malines, Ypres, Cambrai). En 1386, il est à Bourges au service de l'un des plus grands mécènes de l'Europe médiévale, le duc Jean de Berry, avec le titre de « surintendant de toute peinture et de sculpture » pour le Berry ; il travaille plus particulièrement au château de Mehun-sur-Yèvre, ainsi qu’aux vitraux et décors de la chapelle du palais de Bourges. Il n’apparaît plus dans aucun document après 1388 ; on admet généralement qu’il meurt vers 1400.
Manuscrits enluminés
L’une des rares œuvres qu’on peut attribuer avec certitude à André Beauneveu est le Psautier de Jean de Berry (Paris, Bibliothèque nationale de France, Ms. Fr. 1309), car il est mentionné comme étant de sa main dans l’inventaire de 1402 des biens du duc. Beauneveu y peint 24 miniatures à pleine page représentant des prophètes et des apôtres se faisant face et donnant l’apparence d’une succession de 12 diptyques. Les figures sont peintes en grisaille sur des trônes très élaborés qui montrent un intérêt remarquable pour la représentation réaliste en trois dimensions. Le style des miniatures montre clairement l’influence de Jean Pucelle dont le duc de Berry possédait à l’époque le chef-d’œuvre, les Heures de Jeanne d’Evreux. André Beauneveu y utilise le procédé pictural qui consiste à « tirer parti du support clair en noircissant les zones d'ombre » . Deux autres miniatures en grisaille lui sont attribuées par Léopold Delisle au sein des Très Belles Heures du duc de Berry, appelées aussi Heures de Bruxelles
Sculpture
En 1364, Beauneveu reçoit de Charles V la commande de trois tombeaux : celui de ses grands-parents paternels (Philippe VI et Jeanne de Bourgogne), celui de son père Jean le Bon, et le sien propre, pour l’abbaye de Saint-Denis, où les rois de France sont traditionnellement enterrés. En passant commande de tombeaux spectaculaires pour ses ancêtres immédiats aussi bien que pour lui-même, placés au cœur de la nécropole royale capétienne, Charles V tend à affirmer l'autorité et la légitimité à la couronne de France de la nouvelle dynastie des Valois, de la même façon que les ducs de Bourgogne créent la nécropole dynastique de Champmol une décennie plus tard. Beauneveu est payé 4 700 francs d’or pour cette commande, ce qui atteste du renom de l’artiste. Les tombeaux sont à la dernière mode, avec des gisants de marbre blanc brillant sur des dalles de marbre poli noir ; bien qu’ils aient été détruits, ainsi que la statue de Jeanne de Bourgogne, en 1793, ils sont connus grâce aux dessins qu’en a fait faire à la fin du xviie siècle Roger de Gaignières. Les trois autres gisants sont encore à Saint-Denis.