Le 5 octobre 2018, lors d'une vente aux enchères organisée chez Sotheby's à Londres, une version sur papier peinte à la bombe et à l'acrylique de l’œuvre Girl with Balloon (There is always hope), parue pour la première fois sur un mur de Londres en 2002, s'est (presque entièrement) autodétruite, au moyen d'un destructeur de documents dissimulé dans le cadre, immédiatement après avoir été adjugée 1 042 000 livres sterling (1 200 000 euro).
L'artiste a commenté cette action sur Instagram par « Going, going, gone… », soit « Adjugée, adjugée, disparue… » (littéralement « s'en allant, s'en allant, parti… »). Banksy avait souvent critiqué l'establishment et le marché de l'art pour leur récupération. Il a annoncé que Sotheby's n'était pas au courant que le cadre contenait ce mécanisme. Dans une vidéo intitulée Shred the Love publiée sur son site Internet, il a expliqué la conception de cette action et a montré que, durant les essais préparatoires, l'œuvre s'était totalement autodétruite et non partiellement détruite en lambeaux.
Une semaine après, l'acheteuse de la toile a confirmé sa décision d'acquérir la nouvelle oeuvre qui a été créée ce soir-là, a annoncé Sotheby's dans un communiqué, en précisant que le prix auquel elle avait été attribuée, était maintenu. Jeudi soir, la maison d'enchères Sotheby's a annoncé que la vente avait bien été validée et l'œuvre renommée « Love is in the bin » (L'amour est à la poubelle). Cette « collectionneuse européenne » aurait d'abord été « choquée ». « Mais graduellement », elle a compris qu'elle allait « posséder son bout d'histoire de l'art ». « Banksy n'a pas détruit une œuvre lors de la vente aux enchères, il en a créé une », a souligné un responsable de la maison d'enchères, Alex Branczik. Il a précisé qu'elle avait été renommée « Love is in the Bin » (L'amour est dans la poubelle) après cet événement. Cette nouvelle œuvre sera exposée au public dans les locaux de Sotheby's à Londres les 13 et 14 octobre.
Les connaisseurs sont tous d'accord pour reconnaître que cette autodestruction était « un coup bien monté ». Même si de nombreuses zones d'ombre persistent. La broyeuse que Banksy a prétendu dans une vidéo avoir cachée dans le cadre du tableau et qui a déchiré la toile, aurait dû être découverte, car de telles œuvres sont soumises à des inspections poussées pour s'assurer qu'elles ne sont pas abîmées, relèvent certains.
Et quid de la batterie ? Un complice de Banksy est-il venu la recharger quelques jours avant la vente ? Ce « coup » de Banksy, digne d'un stratagème d'Arsène Lupin, continue de faire grimper la perplexité.
Depuis, cette "autodestruction" très médiatisée qui dénonce la « marchandisation » de l’art, a été exposée au musée d'art contemporain de Baden-Baden .