Arman, Chopins Waterloo, 1962
Morceaux de piano fixés sur
panneau de bois
186 x 302 x 48 cm
Achat à l'artiste, 1979
AM 1979-344
© ADAGP
Parmi les objets utilisés par Arman, ce sont indéniablement les instruments de musique qui ont donné lieu aux plus nombreuses manipulations : colères, coupes, accumulations, combustions, tirages en bronze et assemblages.
Arman explique dailleurs par une expérience personnelle négative de lunivers musical son agressivité envers les instruments de musique. Ainsi Chopins Waterloo fut-il réalisé à loccasion dune exposition intitulée Musical Rage à la galerie Saqqarah de Gstaad en 1962. Lors du vernissage, Arman réalisa devant le public la destruction dun piano droit à coups de masse et en fixa sur un panneau préparé à lavance les éléments.
Succédant à la réalisation, lannée précédente, dune colère de contrebasse, lors du tournage dun film pour la télévision américaine, et à la destruction publique dun mobilier Henri II à loccasion du Premier Festival du Nouveau Réalisme en 1961, cette action illustre le développement des happenings dans les milieux de lavant-garde et en particulier leur influence sur les Popartistes américains et les Nouveaux Réalistes européens.
Toutefois, comme la noté Jan van des Marck, "on doit se rappeler que laction était secondaire, ce qui intéressait Arman étant le résultat". Il a été conservé en tant quuvre, comme une aventure figée, à la manière des tableaux-pièges de Spoerri.
Selon Arman, la structure formelle des objets détruits dans les colères détermine lesthétique de luvre et lui accorde un caractère baroque ou cubiste selon quy prédominent les courbes ou les droites. Chopins Waterloo appartient ainsi à la série des uvres "cubistes", rappelant, au-delà des matériaux utilisés, la filiation dont Arman sest toujours montré soucieux entre son uvre et celle des inventeurs du papier collé et de lassemblage.
Biographie
Armand Fernandez entreprend des études artistiques à lÉcole des Arts décoratifs de Nice en 1946, puis à lÉcole du Louvre de Paris de 1949 à 1951. Entre temps, il se lie damitié avec Yves Klein, rencontré dans un cours de judo : celui-ci introduit Arman auprès du critique Pierre Restany pour former le groupe des Nouveaux Réalistes en 1960.
Ses premières peintures, les Cachets, composent des images abstraites à partir dempreintes dobjets trempés dencre, jusquau jour où il prend conscience que lobjet lui-même peut être encore plus signifiant que son image ainsi reportée.
Cest le début de son travail dAccumulations qui rassemble de grandes quantités dobjets identiques fondus dans du plexiglas. Laccumulation préside au principe de la série des Poubelles, dont certaines parviennent à assumer le rôle de portrait, par exemple celui dYves Klein, personnalisé par la présence dobjets bleus.
Ce procédé de laccumulation de déchets est porté à son paroxysme lors de lexposition du Plein, à la Galerie Iris Clert en 1960 : toujours très proche de son ami Klein, Arman répond à lopération du Vide, exécutée dans la même galerie, deux ans auparavant.
Parallèlement aux Accumulations dobjets quotidiens, et à la constitution dune vaste collection dart africain, une autre démarche artistique est associée au nom dArman : les Colères, actes de vandalisme souvent exécutés en public dont les reliques sont rassemblées pour constituer un tableau.
Depuis les années soixante-dix, lart dArman sillustre par la réalisation de sculptures monumentales comme Long Term Parking pour le parc de la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas en 1982, uvre composée de soixante voitures empilées dans une gangue de béton.
Pour en savoir plus sur Arman, consultez:
http://www.arman-studio.com/