Cette oeuvre demeure anonyme, bien que peinte dans un style très caractéristique de la deuxième période de l'école de Fontainebleau. Elle montre l'influence de l'art italien de la Renaissance, dans le modelé sensuel des corps des deux jeunes femmes, mais comporte aussi des références à l'art flamand, dans l'intimité de la scène peinte à l'arrière-plan.
La technique du trompe-l'oeil
L'artiste a utilisé avec habileté la technique du trompe-l'oeil, peignant de manière imitative et réaliste le drap dans la baignoire et les deux tentures qui encadrent la scène. La profondeur, créée par la scène qui se déroule dans une autre pièce à l'arrière-plan, accentue encore l'effet de trompe-l'oeil. Ce tableau coloré et étrange dans la mise en scène des deux jeunes femmes au bain et mystérieux dans les symboles - comme la bague présentée par Gabrielle d'Estrées - a connu en raison de son traitement sensuel un grand succès auprès du public. Le modelé des deux corps féminins nus, sensuels et d'une grande délicatesse est provoqué par l'éclairage, provenant de la gauche du tableau, dirigé sur les deux jeunes femmes, l'arrière-plan du tableau étant plongé dans la pénombre.
Un geste étrange et affectueux
Les modèles sont identifiés : Gabrielle d'Estrées (1571-1599), favorite du roi Henri IV (1553-1610), et sans doute une de ses soeurs, la duchesse de Villars ou la maréchale de Balagny. Le geste étrange et affectueux de la jeune femme, qui pince le sein droit de Gabrielle d'Estrées, a souvent été interprété comme un symbole de la grossesse de Gabrielle, enceinte d'un enfant naturel d'Henri IV. À l'arrière-plan, la scène de la jeune femme cousant, peut-être une layette pour l'enfant à naître, confirme ce symbole de la grossesse de la favorite royale.
Source : Musée du Louvre