La Toilette de Vénus s’inscrit dans une série de quatre tondi réalisés par l’Albane pour la villa du cardinal Scipion Borghèse, neveu du pape Paul V, où ils sont toujours conservés. Avide collectionneur d’Antiques et de peintures de la Renaissance, Scipion Borghèse commença également à passer commande à des artistes vivants à partir des années 1615-1616. C’est sans doute dès cette période qu’intervint l’Albane qui devait avoir achevé les quatre toiles avant son départ de Rome en 1617.
Avec La Toilette de Vénus, Vénus et Adonis, Vénus et Vulcain et Le Triomphe de Diane, constituent le premier cycle de paysages mythologiques peint par l’artiste et son succès immédiat fut à l’origine de nombreuses répliques et de commandes analogues d’autres séries à Bologne. Le rapprochement entre les quatre épisodes n’obéit apparemment à aucune tradition établie et de sorte que les sujets ont pu être dictés par le commanditaire lui-même. Le thème du combat entre l’Amour et la Chasteté se dégage cependant comme une constante à travers la série. La Toilette de Vénus avait déjà été traitée par l’Albane quelques années auparavant dans une composition en frise comparable où Vénus sur son char se contemple dans un miroir alors que putti et suivantes s’affairent autour d’elle.
Le cycle Borghèse occupe une place centrale dans l’évolution des paysages de l’Albane. Les sujets mythologiques ou religieux y ont toujours une place égale à celle de la nature, quand elle n’est pas plus grande. Dans une deuxième série commandée en 1633 pour Ferdinand Gonzague, le peintre choisira par un format en largeur de conférer une importance plus grande encore au paysage ouvrant, par la douceur de son dessin, sur l’univers de Claude Lorrain.
Texte : Guillaume Kientz pour l'exposition Nature et idéal, le paysage à Rome 1600-1650