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Berlin 1920
 

Les premières manifestations dada ont lieu à Zurich et Genève en Suisse, pays neutre, par des artistes réfractaires à la guerre. Le cabaret Voltaire nait ainsi en 1915, pantomime, proférations poétiques, ont lieu sur une scène minuscule avec des décors vite réalisés et jetables du jour au lendemain. Faire dada c'est œuvrer à la détestation du monde et à la contestation des valeurs. Cependant ce petit monde apparait bien vite comme ronronnant, protégé et plus amusant que contestataire.

Richard Uhlenbeck repart ainsi pour Berlin en 1917 où il est proche des milieux spartakistes menés par Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg. Pour lui : "rester tranquille en suisse est bien différent que de se coucher sur un volcan". Le collage est privilégié par rapport à la peinture. Helmut Herzfeld prend le nom de John Heartfield en signe de dissidence vis à vis de sa culture et de son pays. Il appartient à la tendance spartakiste-communiste comme les expressionnistes Otto Dix et George Grosz dont Les joueurs de skat et Allemagne, un conte d'hiver marquent la volonté politique. La tendance anarchiste est représentée par Raoul Hausmann et Hanna Höch.

1920 : Première Foire internationale Dada à Berlin en 1920

de gauche à droite : Hausmann, Hanna Höch, Dr Burchard, Baader, Wieland Herzfelde et sa femme, Dr Oz, George Grosz, John Heartfield

Elle se tient dans deux pièces. Les organisateurs, que l'on voit sur la photographie, portent des vêtements élégants, traits d'une époque et de classe. George Grosz et John Heartfield, à la tête du mouvement, en excluent Kurt Schwitters qui part à Hanovre et entreprend l'édification du Merzbau.

L'exposition est saturée, à l'image des salons d'alors avec une occupation la plus ample de tous les murs disponibles ; accrochage dans le désordre, tableaux, affiches, dessins, collages et tracts. Déhiérachisation entre mineur et majeur. Au plafond, un soldat à la tête de porc symbolise le militarisme germanique (un officier allemand intentera un procès sans grand succès). A gauche, le tableau Invalides de guerre d'Otto Dix. Son sous-titre "45 % de capacité de travail" est ironique vis à vis du taux d'incapacité ; l'ouvrier allemand peut encore travailler à 45 %. Mais dans l'exposition, aucun respect pour l'intégrité de l'oeuvre ; ce n'est pas une marchandise désirable mais une image du détestable. Éviter la valorisation des œuvres, passion pour la destruction des valeurs bourgeoises ; la volonté politique de cette exposition de combat est très claire. Allégorie, métonymie de ce qu'est l'Allemagne à ce moment, l'exposition témoigne d'un moment chaotique d'un pays vaincu. Ils utilisent des slogans. "Dada est politique", "Dada est contraire à ce qui est étranger à la vie", "Dada est ennemi des expressionnistes, "Dilettantes, élevez-vous contre l'art" "Prenez Dada au sérieux ça en vaut la peine" ou la reprise de "un jour la photographie remplacera et supplantera toute la peinture" formule de peintre romantique belge Antoine Wiertz, font partie de leurs mots d'ordre.