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La Ville de Caen et la Fondation Gandur pour l'Art présentent Dans L'Œil du collectionneur, en route vers le futur musée caennais, une exposition annonciatrice du futur musée que la Fondation prévoit d’inaugurer à l’horizon 2030.
Commissariat : Stéphane Grimaldi, avec la collaboration d'Adeline Giroud
À l’heure où la Fondation Gandur pour l’Art prévoit d’inaugurer son musée à l’horizon 2030, la Ville de Caen organise, en collaboration avec la Fondation, une exposition inédite dédiée au collectionneur Jean Claude Gandur du 26 juin au 28 septembre 2025 à l’hôtel de ville de Caen. Le public est ainsi invité à découvrir l’univers personnel de ce passionné d’art, ses choix et son « œil » unique qui, depuis 40 ans, l’a guidé dans la constitution de collections aussi vastes qu’éclectiques.
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L’exposition réunit 81 œuvres issues des cinq collections de la Fondation : les beaux-arts, les arts décoratifs, l’archéologie gréco-romaine et égyptienne, l’ethnologie, ainsi que l’art contemporain africain et de la diaspora. De cultures et d’époques diverses, les œuvres présentées dans cette exposition ont toutes été sélectionnées par Jean Claude Gandur pour partager avec le public de Caen et sa région un premier aperçu éloquent et caractéristique de ses collections.
Organisée en quatre modules, la scénographie privilégie un dialogue entre des œuvres parfois très éloignées dans le temps et l’espace. Le parcours reflète ainsi la conviction du collectionneur : l’art est un langage universel, un vecteur d’échange et de partage, capable de créer des ponts entre les cultures.
Hiver, Maria Helena Viera da Silva, 1960, Huile sur toile 162 x 146 cm. Le titre Hiver résonne dans l'atmosphère glacée de l'œuvre, où un entrelacs de lignes fines et de touches fragmentées compose un Paris abstrait, plongé dans la blancheur et le froid de la saison. Façades, fenêtres et rues se devinent dans un labyrinthe de formes. Vieira da Silva peint par couches légères, déposées en petites touches superposées. Le blanc domine, teinté de nuances bleutées et grises, comme un écho à la neige qui recouvre la ville et en adoucit les contours. Cette clarté froide transforme l'espace: les formes se fondent, les repères vacillent. Plus qu'un lieu, l'artiste invite à ressentir une atmosphère.
Texte du panneau ouvrant l'exposition :
Cette exposition est singulière. Elle a pour but de vous présenter Jean claude Gandur, collectionneur et fondateur de la fondation Gandur pour l’art, afin que d’une certaine façon vous puissiez rentrer dans son intimité, dans son "œil de collectionneur" et au cœur de ses collections, lui qui en mai 2024 annonçait retenir la candidature de la ville de Caen pour accueillir son futur musée.
Quelle forme prendra ce futur projet ?
Celle d’un nouveau centre d’art – construit, géré et financé par la Fondation Gandur pour l’Art (FGA) et l’Association Gandur pour l’Art (AGA) – qui permettra de présenter des collections réunies pendant près de quarante ans : collections de peinture, de sculpture, de mobilier, d’archéologie ; collections qui constituent l’œuvre d’une vie ; collections qui seront enfin accessibles à toutes et à tous sur un terrain situé entre la Colline aux Oiseaux et le Mémorial. Un lieu entre architecture et paysage ; un lieu de découverte et de partage ; un lieu ouvert à tous d’ici quelques années… Le temps de penser et construire un musée, et d’imaginer ses jardins !
C’est pourquoi, en attendant ce moment, pour faire un peu passer ce temps et vous associer au projet dès ses débuts, nous avons souhaité vous convier à travers cette exposition à un court aperçu de ce que sera ce grand musée.
Dans l’Œil du collectionneur rassemble 81 œuvres de différentes époques et de différents continents. Elles proviennent toutes des cinq collections qui sont les beaux-arts, les arts décoratifs, l’archéologie gréco-romaine et de l’Égypte ancienne, l’ethnologie précolombienne et océanienne, et l’art contemporain africain et de la diaspora.
Jean Claude Gandur a choisi chacune des œuvres qu’il souhaitait vous présenter dans ce parcours. À travers chacun des quatre cubes de présentation se dévoile un univers artistique, montrant comment des œuvres parfois très différentes peuvent nourrir un dialogue entre époques, lieux et cultures. L’idée fondamentale est bien là. L’art est une forme d’échange, de partage indispensable qui transcende les époques comme les continents.
Nous nous réjouissons de vous accueillir et vous souhaitons une excellente visite. Stéphane Grimaldi, commissaire.
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A gauche du panneau ouvrant l'exposition: Pierre Soulages : Peinture 195 x 130 cm, 1er septembre 1957 |
A droite du panneau ouvrant l'exposition : Simon Hantaï : Étude (série Études, 1968-1971) 1969 |
Peinture 195 x 130 cm, 1er septembre 1957, Pierre Soulages, 1957. Huile sur toile. Dans les années 1950, Pierre Soulages agrandit ses formats et approfondit son exploration du noir. Dans Peinture 195 x 130 cm, 1er septembre 1957, il trace de larges bandes noires, appliquées à la brosse selon un rythme puissant et structuré. Le noir, omniprésent, ne recouvre pas toute la surface: des zones claires subsistent, révélées par les interstices et la matière. Par le contraste entre opacité et transparence, densité et éclats lumineux, Soulages fait émerger une lumière intérieure à travers la densité du noir.
Étude (série Études, 1968-1971), Simon Hantaï, 1969, Huile sur toile 273.2 x 236.5 cm. Dans la série Études, Simon Hantaï explore la technique du pliage : il froisse la toile, l'imbibe de peinture monochrome, puis la déplie. Le motif émerge alors de manière aléatoire, dévoilant un jeu d'équilibre entre les formes peintes et les zones vierges de couleur. En laissant le pliage dicter la composition, l'artiste s'éloigne du geste pictural traditionnel, accordant une place centrale au hasard. Pour Hantaï, peindre devient une étape parmi d'autres, au même titre que plier ou déplier, redéfinissant ainsi l'acte artistique.
L'exposition se déploie dans le scriptorium de l’Abbaye-aux-Hommes, l’espace où les moines copistes rédigeaient, copiaient et enluminaient les manuscrits. Ce lieu qui avait une fonction intellectuelle et spirituelle essentielle, est aujourd’hui utilisé pour accueillir des expositions temporaires. La scénographie accompagne la fonction de centre de savoir et de conservation naturelle d'un musée de son souvenir religieux en proposant une sorte de nef centrale, constituée d'un alignement de quatre cubes traversants, encadrée de deux allées lattérales. Nous reprenons les cartels pédagogiques présentées à côté des oeuvres.
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Allée extérieure à gauche des cubes |
Allée centrale aux quatre cubes |
Allée extérieure à droite des cubes |
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Ange de l'Annonciation Saint Jean |
Urne en forme d'autel, surmontée d'une divinité |
Ange de l'Annonciation, Anonyme Haute-Normandie, vers 1500-1525 Craie de Normandie, 111 x 51 x 37 cm. Cet Ange de l'Annonciation, taillé dans la craie de la vallée de la Seine, reflète l'excellence de la sculpture normande à la fin du Moyen Âge. Il était à l'origine équipé d'un sceptre, dont la partie supérieure est encore visible, permettant de l'identifier comme l'archange Gabriel, venu annoncer à Marie sa maternité divine. Les détails raffinés de sa tunique et de l'écharpe nouée sur sa hanche droite illustrent la virtuosité du sculpteur. Le style de l'œuvre reflète les premières influences de la Renaissance, marquées par la redécouverte de l'Antiquité.
Saint Jean, Entourage de Claus de Werve (actif 1396-1439), vers 1400-1425. Bois de noyer, 67.7 x 22.5 x 15 cm. Provenant d'un calvaire sculpté d'une église de Bourgogne, cette statue représente Saint Jean au pied de la croix. Datant du début du XVe siècle, elle témoigne des caractéristiques de la sculpture bourguignonne de l'époque, marquée par une attention particulière à l'expression des émotions. Ici, Saint Jean, les mains jointes en prière et le visage levé, manifeste une profonde douleur.
Urne en forme d'autel, surmontée d'une divinité, Mexique, IXe - Xe siècle après J.-C., deux éléments superposés, Terre cuite polychrome modelée, 98 x 69 x 71.5 cm. Cette sculpture, typique de la culture Veracruz, se compose de deux éléments superposés: un autel en forme de masque et une divinité assise au sommet. Le visage stylisé, aux yeux globuleux et au nez en forme de trompe, évoque Chac, dieu maya de la pluie. Probablement destinée à orner une tombe, elle accompagne symboliquement le défunt dans l'au-delà, tout en soulignant son rang élevé par ses dimensions exceptionnelles et la richesse de ses motifs.
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Hans Hartung : T 1973-E12 et Nikki de Saint Phalle : Bloum (série tableaux éclatés), 1992-1994 |
Jean-Michel Basquiat : Untitled [Spermatozoon] |
Plus loin à droite |
T 1973-E12, Hans Hartung, 23 mars 1973. Acrylique sur toile, 154 x 250.5 cm. Au début des années 1970, Hans Hartung renouvelle sa pratique en explorant de nouvelles techniques. Il privilégie les grands formats, les couleurs vives et les contrastes marqués. Grâce au séchage rapide de l'acrylique, il peint avec une gestuelle vive et spontanée. L'usage d'outils détournés - rouleaux de lithographie, pistolets à air comprimé - lui permet de créer des textures et des formes nouvelles. Dans T 1973-E12, trois aplats de couleurs - rouge, bleu, jaune - se détachent d'un fond noir pulvérisé, créant une profondeur accentuée par la superposition des plans. Par endroits, Hartung racle la surface, faisant réapparaître le noir sous-jacent et jouant ainsi sur la densité et la transparence des couches picturales.
Untitled [Spermatozoon], Jean-Michel Basquiat, 1983. Acrylique et crayon gras sur toile, 167.9 x 152.5 cm. Basquiat s'intéresse tôt à l'anatomie, après un accident qui le cloue plusieurs mois à l'hôpital. C'est là qu'il découvre un manuel médical dont les illustrations marqueront son travail. Dans Untitled [Spermatozoon], il explore ce thème. La silhouette centrale dévoile des organes dessinés dans un style brut et nerveux, influencé par le graffiti. Le mot « spleen », qui désigne la rate en anglais, fait écho à l'organe qu'il a perdu enfant et à sa mélancolie. À droite, des spermatozoïdes et une coupe anatomique du pénis confrontent vie et mort, renforcées par un fond où le rouge incandescent lutte contre le noir profond.
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Collection : Fruits d'un travail de presque 40 ans, Jean Claude Gandur a constitué au fil du temps cinq collections, qui rassemblent aujourd'hui près de 4000 œuvres et objets. Passionné d'art dès l'enfance, il commence à acheter des pièces d'archéologie à la fin des années 1970, n'imaginant pas qu'un jour, elles formeraient un ensemble. Progressivement, cette passion prend de plus en plus d'importance dans sa vie. Il développe alors les autres volets de sa collection, en continuant avec la peinture européenne du XXe siècle et les arts décoratifs, puis l'ethnologie et, plus récemment, l'art contemporain africain et de la diaspora. Faire grandir ces collections est une aventure captivante qui l'anime tous les jours.
Instinct : Loin de se reposer sur les marchands et les maisons de vente ou sur les tendances qui font et défont le marché de l'art, Jean Claude Gandur se fie à la perception immédiate qu'il a d'une œuvre ou d'un objet. Connaisseur d'histoire et des mouvements artistiques qui la jalonne, il laisse son instinct le guider vers ce qu'il pense être le meilleur. Son œil est toujours en éveil, entraîné avec les années à reconnaître la qualité, la rareté et la beauté sous toutes ses formes.
Transmission : Convaincu que l'art est un vecteur extraordinaire de compréhension de soi et de l'autre, Jean Claude Gandur est profondément attaché à la notion de transmission. Il souhaite agir comme un passeur de connaissances, de beauté et d'esthétisme: un propriétaire éphémère, poussé par le désir de partager en donnant à autrui l'occasion de voir et d'apprendre des objets qu'il a lui- même réunis. Si le fil qui relie les œuvres présentées reste subjectif, il s'agit avant tout d'inviter le visiteur à une émotion esthétique par cette liberté d'association où les civilisations parlent d'égal à égal et racontent l'histoire universelle.
Audace : L'accrochage salue la liberté du collectionneur, sa vision personnelle de l'art, pleine d'audace, qui ose l'éclectisme plutôt que de se laisser brider par les modes. Il dévoile la singularité de ses choix artistiques et la rapidité avec laquelle il a réuni sa collection. Souvent à contre-courant, Jean Claude Gandur a ainsi rassemblé des œuvres d'artistes, de mouvements ou de périodes dont le marché n'avait jusqu'alors pas véritablement apprécié la valeur, leur redonnant la place qu'elles méritent dans l'histoire de l'art. À travers des rapprochements parfois inattendus, les âges et les continents dialoguent, loin des idées reçues et sans aucune hiérarchie préétablie.
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Anonyme : Adoration des Mages (1480 - 1500) Bois de tilleul 102.2 x 90.1 x 7.4 cm |
Roger Bissière : Vénus Blanche Zao Wou-ki : 30.10.61 Commode attribuée à Joseph Poitou Bureau de pente Vierge d'immaculée conception |
Ayanda Mabulu : Nontsundu 2018 Huile, acrylique et feuilles d'or sur toile 220 x 160 cm |
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Vers le cube Instinct | Bernard Pagès : Arrangement branches et cadre grillagé 1969 Branches, grillage et cadre en bois et métal 276.2 x 149.9 cm |
Georges Mathieu: Açone 1948 Casé-Arti et huile sur panneau de contreplaqué 166.9 x 119.8 cm |
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Judit Reigl : [Sans titre] (série Centre de dominance) Avril 1959 Huile sur toile 173.4 x 233.8 cm |
Gérard Schneider Opus 1 F, Mai 1961 Huile et sable sur toile 189.9 x 285.3 cm |
Karel Appel : Figures , 1952 Huile sur toile 60.8 x 126.8 cm Deux pots pourris chinois |
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Nicolas de Staël Fleurs blanches et jaunes 1953 Huile sur toile 130 x 89 cm |
Jean Dubuffet Trinité-Champs-Élysées (série Paris Circus, 1961-1962) 25 - 26 mars 1961 Huile sur toile 115.8 x 89.7 cm |
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Serge Poliakoff Composition abstraite 1952 Huile sur toile de jute 92.1 x 72.7 cm |
L'exposition se termine par une salle de caisses encore à ouvrir. Dans une vidéo, Jean-Claude Gandur expose la genèse et les perspectives du grand musée de 2030.
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Léonce Raphaël Agbodjelou Sans titre (série Les Demoiselles de Porto-Novo) 2012 Photographie, épreuve couleur chromogène Édition de 5 exemplaires et 2 épreuves d’artiste Épreuve d’artiste 1/2 150 x 300 cm |
Interview de Jean-Claude Gandur |
Léonce Raphaël Agbodjelou Sans titre (série Les Demoiselles de Porto-Novo) 2012 Photographie, épreuve couleur chromogène Édition de 5 exemplaires et 2 épreuves d’artiste Épreuve d’artiste 1/2 150 x 300 cm
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Depuis combien de temps, collectionnez-vous?
Alors je dirais qu'il y a deux moments dans la collection. Ce que j'appellerai le moment de l'enfance et de l'adolescence où ce sont de petites amulettes que j'achetais au gré de l'argent de poche que je recevais. Mais la vraie collection commence en 1979 à Paris avec deux objets d'antiquités que je vois dans une vitrine et qui l'époustouflent et donc que je décide de l'acheter alors que je n'ai pas le premier centime pour le faire. Mais, peu importe, je n'arrivais pas à résister à l'envie de les avoir. Et le marchand qui était extrêmement sympathique m'a donné 3 ans pour les payer.
Et vous pourriez nous parler de ces deux objets ?
Il s'agit d'un thème de l'Antiquité. C'est l'enlèvement de Ganymède par Zeus qui se transforme en aigle et qui vient enlever Ganymède qu'il enlève du monde des vivants pour la transporter dans le domaine des dieux.
Jean-Claude Gandur, votre goût, votre oeil est-il aujourd'hui différent ?
Alors c'est clair qu'on ne collectionne pas de la même manière lorsque on achète des objets pour soi ou si on réfléchit à l'avenir et qu'on pense qu'un jour il y aura un musée. Alors on achète de manière différente.On achète pour soi et pour meubler sa maison et sans arrière pensée de collection particulière. En revanche, à partir du moment où j'ai pris la décision de créer une Fondation et ensuite un musée, fatalement ma manière de collectionner a changé. C'est-à-dire de trouver des objets qui vont compléter les collections et qui donneront une cohérence totale à la collection qui forme aujourd'hui le corpus de la Fondation.
Si vous deviez nous dire ce que sont les principales qualités d'un grand collectionneur
Alors je ne veux pas que l'on dise, ll y a de petits et de grands collectionneurs ; il y a des collectionneurs. Chacun le fait avec ses moyens, avec ses yeux et avec son amour pour l'objet. Pour faire une collection d'importance muséale, il faut... C'est inné. Je pense que ça ne se réfléchit pas. On est confronté à un objet à un tableau et on dit : "J'aime: je n'aime pas". Et à partir du moment où l'on pense qu'il a une valeur patrimoniale importante du point de vue historique ; c'est ça d'abord qui compte. C'est comment vous intégrez un objet dans un parcours historique, que ce soit de la peinture contemporaine ou moderne, que ce soit du mobilier de 18e ou des objets d'antiquité ; elles appartiennent à l'histoire, elles ont eu leur histoire et c'est au collectionneur à découvrir comment elles vont venir s'intégrer dans ce parcours futur.
Jean-Claude Gandur, vous êtes-vous déjà trompé?
Ah sûrement, plusieurs fois. Je pense qu'il n'y a pas d'œil absolu et il n'y a pas de certitude absolue. Vous savez, il y a des faussaires de très grande qualité sur le marché, malheureusement et, quelquefois, il y a des meubles qui ont été modifiés par des ébénistes peu scrupuleux.Et ça c'est tout le travail des conservateurs de s'assurer que les objets que nous possédons soit corrects. Et c'est un travail de longue haleine. Nous avons été obligés de déclasser quelques objets qui n'avaient plus leur place dans une collection muséale.
Parlons de votre projet. Quand avez-vous commencé à réfléchir, à vouloir même, créer ce musée, ce grand musée ?
Je dirais que les premières démarches dans mon travail de collectionneur, ça a été une exposition en 2001 d'archéologique qui avait eu lieu à Genève. Je me suis rendu compte par l'enthousiasme du public que la collection avait une certaine valeur patrimoniale importante. Et donc, j'ai décidé déjà qu'il y aurait une fondation pour protéger les collections que j'avais mise en place et m'assurer qu'elle ne soit plus séparée. Ça c'était la première manoeuvre. Donc en 2010, je crée une fondation. Et suite de ça, que faire de tous ces tableaux, de tous ces objets ? On ne va pas les laisser dans des caisses. Donc le projet muséal germe peu à peu pour s'épanouir à partir de 2017 lorsque je me mets en quête d'un lieu d'accueil pour ce musée.
Et donc, il y a tout un processus qui se met en place. Il y a trois villes qui se détachent qui sont Bordeaux, Strasbourg et Caen. Après beaucoup d'allers-retours entre les mairies et moi-même, j'ai finalement décidé que Caen était le lieu où j'avais envie de le ancer.
Vous dites volontiers que ce musée sera l'oeuvre de votre vie.
Alors, on dit toujours que l'œuvre de sa vie, c'est sa vie familiale. Donc je ne voudrais pas mélanger les deux choses. Mais c'est, je dirais, l'œuvre intellectuelle de ma vie plutôt que l'œuvre de ma vie. C'est l'œuvre intellectuelle de ma vie. C'est-à-dire, c'est un travail maintenant public depuis une quarantaine d'années et c'est un patrimoine extrêmement important qui a été mis ensemble et d'arriver à créer un musée qui plaise et où le public se sente à l'aise; est envie de rentrer, envie de visiter, envie de comprendre la démarche du collectionneur, ça c'est mon rêve. C'est d'arriver à faire que la population caennaise, ou la population normande, va investir ce musée dans le futur parce qu'elle le sentira comme une partie naturelle de son environnement.
À ce stade de votre réflexion, comment imaginez-vous ce lieu?
C'est un lieu de repos. C'est un lieu d'art et de culture. C'est un lieu où on peut venir pour déjeuner, et se reposer dans le parc, comme on peut venir pour visiter une exposition temporaire ou revoir les collections permanentes. C'est un lieu où j'espère, il y aura des activités diverses et variées, que ce soit du ballet que ce soit des arts plastiques. J'aimerais que le public comprenne qu'un musée peut aussi être une deuxième maison. Un lieu où on a du plaisir à venir. Donc je cherche un bâtiment qui soit simple, qui soit confortable? Et surtout qui s'intègre parfaitement dans son environnement près du mémorial. C'est très important qu'il n'y ait pas de conflit visuel.
Quels sont les musées qui vous inspirent le plus ?
Il y a par exemple, le Louisiana, près de Copenhague, au Danemark ; il y a le Kröller-Müller au Pays-bas, près d'Amsterdam ; il y a le Glenstone aux États-Unis, à côté de Washington, et le Gulbenkian à Lisbonne. La particularité de ces quatre musées, c'est d'abord que ce sont des musées intégrés dans un milieu naturel avec un très beau parc dans lequel se développe une nature quelquefois envahissante mais qui permet d'être au contact permanent depuis l'intérieur avec l'extérieur. Et c'est un petit peu le modèle que je cherche pour le musée à Caen ; c'est qu'il y ait l'intégration entre le bâtiment et son environnement immédiat.
Qu'en pensez-vous, raisonnablement, inaugurer ce lieu ?
Si
tout se passe bien et qu'on n'a pas de blocage administratif, parce que c'est toujours un petit peu la question qui se pose lorsqu'on construit un bâtiment sur un terrain qui appartient à une municipalité ; il y a toute une démarche qu'il faut faire. Si tout ça se passe très gentiment et rapidement. À mon avis, au tout début des années 30, on devrait voir ce musée ouvert.
Pourquoi avez-vous choisi Caen ?
Je ne dirai qu'une seule phrase. Comme m'a dit un jour un ami : "Il faut aller là où on vous aime". Et si je suis là, c'est parce que j'ai senti qu'on m'aimait. Et donc je suis fier d'un jour appartenir à votre communauté.
Source: Fondation Gandur