L'histoire de Prométhée est racontée dans diverses sources : La Théogonie d'Hésiode (VIII siècle av. J.-C. ), la Bibliothèque (sorte d'abrégé de la mythologie grecque anciennement attribué à Apollodore d'Athènes -IIe siècle av. J.-C. et dont on s'accorde à penser qu'elle a été écrite au Ier ou IIe siècle ap. J.-C.), Les Métamorphoses d'Ovide, la trilogie d' Eschyle consacrée au Titan Prométhée, avec Prométhée porte-feu (dont on ne conserve également aucune trace), Prométhée enchaîné et Prométhée délivré dont on ne conserve également aucune trace.
Prométhée, était le fils de Japet (ou du Titan Eurymédon) et de la Nymphe Clyméné; ses frères étaient Epiméthée, Atlas et Ménoetios. Prométhée, qui était plus avisé qu'Atlas, avait prévu l'issue de la révolte contre Cronos et, par conséquent, préféra combattre aux côtés de Zeus. Il persuada Epiméthée de faire de même.
Il était, à la vérité, le plus avisé de sa race, et Athéna, à la naissance de laquelle il avait assisté lorsqu'elle avait jailli de la tête de Zeus, lui enseigna l'architecture, l'astronomie, les mathématiques, la navigation, la médecine, la métallurgie et bien d'autres arts utiles. Prométhée créa les hommes à partir de la glaise et communiqua ces sciences aux hommes.
Zeus s'irrita des talents divers des hommes et aussi de voir leurs pouvoirs s'accroître sans cesse. Il décida d'exterminer totalement la race des hommes et ne l'épargna que sur l'intervention expresse de Prométhée.
Un jour, une querelle éclata à Sycione, au sujet d'un taureau offert en sacrifice: personne n'était d'accord sur les morceaux qui devaient être consacrés aux dieux et ceux qui revenaient aux hommes. Prométhée, appelé pour être l'arbitre du conflit, dépeça et découpa un taureau et avec la peau il fit deux sacs qu'il remplit de ce qu'il avait découpé. Le premier sac contenait toute la chair, mais il la dissimula sous l'estomac, qui est la partie la moins appétissante de l'animal, le second contenait les os cachés sous une onctueuse couche de graisse blanche. Lorsqu'il demanda à Zeus de choisir celui-ci, facilement trompé, choisit le sac contenant les os et la graisse qui fut désormais la part réservée aux dieux; mais Zeus punit Prométhée en retirant le feu aux hommes.
Prométhée se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l'Olympe, ce qu'elle lui accorda. Aussitôt qu'il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu du Soleil et il en détacha un morceau de braise incandescente qu'il glissa dans la tige creuse d'un fenouil géant. Puis, éteignant sa torche, il s'enfuit sans être aperçu et donna le feu aux hommes. Zeus jura de se venger. Il donna l'ordre à Héphaïstos de fabriquer une femme en argile, aux quatre Vents d'insuffler la vie en elle, à toutes les déesses de l'Olympe de la parer.
Cette femme, Pandore, la plus belle qui fût jamais créée, Zeus l'envoya en présent à Epiméthée, sous la conduite d'Hermès. Mais Epiméthée, qui avait été prévenu par son frère de n'accepter aucun cadeau venant de Zeus, s'excusa respectueusement et refusa son présent.
De plus en plus irrité, Zeus fit enchaîner Prométhée, nu, à une colonne dans les montagnes du Caucase où un vautour vorace lui dévorait le foie toute la journée. Et il n'y avait pas de terme à sa souffrance, car toutes les nuits son foie se reconstituait. Mais Zeus pour s'excuser de sa cruauté, fit circuler une histoire qu'il avait inventée: Athéna, racontait-il, avait fait venir Prométhée dans l'Olympe à cause d'une secrète aventure amoureuse.
Epiméthée, très ému du sort de son frère, s'empressa d'épouser Pandore, que Zeus avait faite aussi sotte, aussi méchante et aussi paresseuse qu'il l'avait faite belle. Peu après, elle ouvrit une jarre, que Prométhée avait recommandé à son frère de tenir close et dans laquelle il avait eu le plus grand mal à enfermer tous les maux capables d'affliger le genre humain: notamment la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion. Tous les maux se répandirent au-dehors en une immense nuée et piquèrent Epiméthée et Pandore sur toutes les parties du corps puis s'attaquèrent aux mortels. Cependant la trompeuse Espérance, que Prométhée avait aussi enfermée dans la jarre, les dissuada, par ses mensonges, d'un suicide général. Un jour, Héraclès atteignit les montagnes du Caucase où Prométhée avait été enchaîné tandis qu'un griffon-vautour, né de Typhon et d'Echidna, lui arrachait le foie.
Zeus s'était repenti de lui avoir infligé ce châtiment, car Prométhée l'avait, depuis, averti amicalement de ne pas épouser Thétis, de crainte qu'elle n'engendre quelqu'un qui serait plus puissant que lui. A présent qu'Héraclès intercédait pour le pardon de Prométhée, Zeus l'accorda. Cependant, comme il l'avait un jour condamné à un châtiment éternel, Zeus stipula que pour donner l'impression d'être toujours prisonnier, il devrait porter une bague faite du métal de ses chaînes et sertie d'une pierre du Caucase, et ce fut la première bague sertie d'une pierre. De plus, les souffrances de Prométhée devaient durer jusqu'au jour où un immortel descendrait de son plein gré au Tartare, à sa place. Héraclès rappela à Zeus qu'il tardait à Chiron de se libérer de son don d'immortalité depuis qu'il souffrait d'une blessure incurable. Ainsi n'y avait-il plus d'obstacle et Héraclès, invoquant Apollon abattit le griffon vautour d'une flèche au cœur et délivra Prométhée.
Textes :
Hésiode Théogonie: C'était au temps où se réglait
la querelle des dieux et des hommes immortels [...]. En ce jour-là
Prométhée avait, d'un coeur empressé, partagé
un boeuf énorme, qu'il avait ensuite placé devant tous. Il cherchait
à tromper la pensée de Zeus : pour l'un des deux partis [les
dieux d'une part, les hommes de l'autre], il avait mis sous la peau chair
et entrailles lourdes de graisse, puis recouvert le tout du ventre du boeuf;
pour l'autre, il avait par une ruse perfide, disposé en un tas les
os nus de la bête, puis recouvert le tout de graisse blanche. [...]
Zeus aux conseils éternels comprit la ruse et sut la reconnaître.
Ainsi, irrité, [...] Zeus [...], de cette ruse gardant toujours le
souvenir, se refusait à diriger sur les frênes l'élan
du feu infatigable [la foudre] pour le profit des mortels, habitants de cette
terre. Mais le brave fils de Japet [Prométhée] sut le tromper
et déroba, au creux d'une férule, l'éclatante lueur du
feu infatigable ; et Zeus [...] s'irrita en son âme, quand il vit briller
au milieu des hommes l'éclatante lueur du feu. Aussitôt, en place
du feu, il créa un mal destiné aux humains [...]. Avec de la
terre, l'illustre boiteux [Héphaïstos] modela un être tout
pareil à une chaste vierge [...]. La déesse aux yeux pers, Athéna,
lui noua sa ceinture, après l'avoir parée d'une robe blanche,
tandis que de son front ses mains faisaient tomber un voile aux mille broderies.
[...] Et quand, en place d'un bien, Zeus eut créé ce mal si
beau, il l'amena où étaient dieux et hommes, [...] ; et les
dieux immortels et les hommes allaient s'émerveillant à la vue
de ce piège, profond et sans issue, destinée aux humains. Car
c'est de celle-là qu'est sortie la race, l'engeance maudite des femmes,
terrible fléau installé au milieu des hommes mortels.
Apollodore d'Athènes : la Bibliothèque : Et Prométhée, ayant façonné les hommes à partir d'eau et de terre, leur donna aussi le feu, après l'avoir caché à l'insu de Zeus dans une tige creuse. Mais quand Zeus s'en aperçut, il ordonna à Héphaistos d'attacher son corps au mont Caucase qui est une montagne scythe. Donc après avoir été cloué sur celui-ci, Prométhée resta attaché pendant un grand nombre d'années; et chaque jour un aigle, en fondant sur lui, lui dévorait un morceau de son foie qui repoussait pendant la nuit. Et Prométhée subit ce châtiment pour avoir volé le feu jusqu'à ce qu'Héraclès, plus tard, le délivrât.
Prométhée délivré est une tragédie grecque dont l'existence supposée est attribuée à Eschyle. Elle aurait fait partie d'une trilogie consacrée au Titan Prométhée, avec Prométhée enchaîné (conservé et attribué, non sans doutes, à Eschyle) et Prométhée porte-feu (dont on ne conserve également aucune trace). L'action aurait concerné l'aigle envoyé par Zeus pour dévorer le foie de Prométhée, alors enchaîné, et comment Héraclès vint pour abattre l'aigle d'une de ses flèches. Afin que Zeus le délivre de ses chaînes, Prométhée lui livre son secret : d'une union avec Thétis la Néréide naitra un fils plus puissant que son père, qui serait donc susceptible de renverser Zeus si celui-ci en était le père. Zeus poussera ensuite Thétis vers un homme, Pélée afin que de leur union naisse un fils que ne soit pas supérieur à un Dieu : ce sera Achille, le héros de l'Iliade d'Homère. Il mit ainsi fin au schéma qui se répétait : Ouranos fut tué par son fils Kronos qui fut lui-même tué par Zeus qui devait être tué par son fils.