Du 13 au 17 mars dans le cadre de la 9e édition de son festival Cinéma et Territoire, L’Écume des films aborde le thème de la guerre à l’écran.
Les films programmés
Festival cinéma et territoire 2018.
« Les territoires de la guerre. »
La guerre reste un spectacle cinématographique à l'origine d'un genre très productif, prolifique : le film de guerre. Ce thème de prédilection a donné des chef-d'oeuvres signés Gance, Pabst, Eisenstein, Fuller, Kubrick, Malick ou Tavernier.Tôt la guerre fut ridiculisée, un peu, comme dans Charlot soldat avant d'être ouvertement attaquée, frontalement ou pas, dans les cinéma des années 60. Repensons aux films sur la Grande Guerre qui indirectement remettaient en question les conflits de l'époque et l'autorité des militaires, des affrontements de la décolonisation et de la guerre du Vietnam. Mais la question du festival nous amène à penser le sujet dans sa dimension artistique. Et d'abord qu'est-ce qu'un territoire de la guerre ?
Si la guerre à l'écran montre des camps, des fronts, des déplacements, refaisons-nous le film de Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan , ou celui plus récent de Clément Cogitore, Ni le ciel ni la terre, donc à l'écran les hommes engagés affrontent un ennemi visible ou invisible dans des positions fortifiées, le traque ou sont traqués. Mais ces espaces de la guerre deviennent bien plus complexes dans un film comme Starship troopers de Verhoeven ou encore dans la saga Star wars où la dilatation territoriale est considérable. Jusqu'où les combattants vont-ils ? Sur quelle durée leurs guerres courent-elles ?
Reste évidemment la question de l'ennemi.
A l'origine la question fut traitée de manière simple. L'altérité profonde affichée par un « méchant grimaçant »devait mettre le spectateur en mesure de l'identifier tout de suite. Lorsqu'il devient invisible, pire encore, intime, caché dans la personnalité du combattant, l'adversaire devient très difficile à combattre. C'est le principe de deux feuilletons à succès israélien et états-unien, Hatufilm d'abord, Homeland ensuite largement inspiré du premier, série qui présente un combattant retourné véritable « bombe humaine » pour l'Amérique.
Ainsi la guerre à l'écran nous livre de nouveaux territoires, proches ou lointains, hyperréalistes ou de pure fiction, ces conflits filmés depuis que le cinéma existe, les guerres mondiales, les conflits dits périphériques, ces représentations prisées qui mettent en scène un passé lointain, les guerres des grecs ou de l'empire romain, la guerre chevaleresque médiévale, cette violence signifiée ou tournée en dérision, tout cela nous oblige à penser la places des hommes et des femmes lorsque vient le temps de l'affrontement.
Masculinité et virilité sont aussi des constructions cinématographiques largement diffusées en leur temps. Aujourd'hui les revoir nous les rendent datées, voire ridicules. Nous ne pouvons plus voir et entendre John Wayne ou Errol Flynn comme de héros ordinaires tant sont nombreuses leurs caricatures à l'écran. Dujardin en Robin des bois face à des nazis dans Oss 117 :Rio ne répond plus a cassé l'image du célèbre séducteur à moustache... Ce sont d'ailleurs les femmes, dans les deux opus de Michel Hazanavicius, qui clouent le bec à ce soldat des services secrets français et le rendent plus drôle encore, car plus ridicule. Bref, les lignes sont brouillées, les femmes sont des battantes prêtent à tout risquer dans la guerre comme le montre si bien le cinéma de Verhoeven. Quant aux retours de batailles, ils sont emprunt de beaucoup de désenchantement dans Mémoires de nos pères ou dans Un jour dans la vie de Billy Lynn.