thème
1999-2010
 
Alexandra (Alexandre Sokourov,2007)
Rappel : première guerre de Tchétchénie (1994-1996)

Entre 1991 et 1994, les nationalistes tchétchènes chassent plusieurs dizaines de milliers de résidents d'origine russe, arménienne, juive et d'autres minorités non-musulmanes de Tchétchénie, notamment de Grozny où les deux tiers de la population étaient russophones. Plusieurs furent pris en otages ou même assassinés. L'industrie et la vie économique de la Tchetchenie se criminalisèrent progressivement avec comme phénomène de fond le détournement des ressources monétaires fédérales et pétrolières. Le kidnapping massif d'hommes contre rançon se développa rapidement.

L’attaque surprise de l’armée russe en 1994 sous le commandement de Boris Eltsine, le premier président de la Russie post-soviétique, devient, avec plus de 20 000 soldats, la plus grande opération militaire organisée par Moscou depuis son intervention en Afghanistan en 1979. Les batailles entre les troupes russes et les Tchétchènes furent particulièrement cruelles : exactions massives par les troupes fédérales d'un côté, et exécutions d’otages russes ou occidentaux par les Tchétchènes, de l'autre. Grozny est tantôt sous le contrôle des Russes tantôt sous celui des indépendantistes tchétchènes.

Eltsine avait besoin d'une guerre fulgurante et victorieuse pour prouver à son peuple que la Russie était encore une superpuissance et asseoir ainsi son autorité comme commandant en vue de l’élection présidentielle. Mais au lieu d’une blitzkrieg spectaculaire, la guerre s'avéra un échec militaire et humanitaire pour la Russie qui rencontra une résistance féroce de combattants de nationalités différentes, possédant des armes lourdes dernier cri. Malgré un arsenal spectaculaire et une parfaite connaissance du terrain (car il s'agissait de son propre pays cartographié en détail), la guerre s'embourba vite, provoquant d’énormes pertes humaines et matérielles.

Ainsi, en juin 1995, Chamil Bassaiev conduit une offensive qui le mène à 120 km hors des frontières de la Tchétchénie, à Boudionnovsk (ville de 100 000 habitants), avec une centaine d’hommes.

N'étant plus capable de continuer des opérations militaires d'une telle complexité, la Russie accepta de jeter l'éponge. Un accord de paix fut signé le 31 août 1996 à Khassaviourt. Cet accord conduisit à un statu quo laissant à la Tchétchénie (rebaptisée "République Islamique d’Itchkérie") une autonomie gouvernementale de facto en échange d'une promesse du report des pourparlers sur l'indépendance (les négociations furent repoussées jusqu'en 2001) et de l’arrêt des opérations d'enlèvements d'hommes. La charia fut également décrétée. La nouvelle situation permit par la suite à une minorité de prendre les rênes de l’économie.

 

Seconde guerre de Tchétchénie (1999-2010)


Contexte

Le premier conflit qui a embrasé la petite république de Tchétchénie, située dans le Caucase du Nord russe, s'est achevé une première fois en novembre 1996. Aslan Maskhadov, chef de l’armée tchétchène séparatiste et Alexandre Lebed, général des forces armées de la fédération de Russie ont signé les accords de Khassaviourt, qui ne prévoyaient cependant aucune indépendance formelle immédiate pour la Tchétchénie.

En janvier 1997, le président russe Boris Eltsine avait autorisé l’élection présidentielle en Tchétchénie avec la participation comme candidats des anciens combattants, y compris les criminels de guerre. Aslan Maskhadov est élu avec 54 %.

Mais Maskhadov n'arrive pas à maîtriser ses chefs de guerre qui réclamèrent l’instauration d'un Caucase islamique destiné à regrouper toutes les républiques voisines. Ils organisèrent des intrusions armées souvent sous forme d'attaques et d'attentats contre les civiles russes en Tchétchénie et surtout dans les régions voisines. Les éléments les plus radicaux (dirigés par les chefs de guerre Chamil Bassaïev et Salmon Radouïev) commirent alors des attentats terroristes non seulement contre les troupes russes, mais aussi contre les populations civiles des républiques autonomes et des régions russes limitrophes.

Deux ans après les accord de paix, des attentats terroristes ont endeuillé plusieurs villes de Russie, y compris à Moscou faisant 293 morts. Ils ont été attribués par les autorités russes aux indépendantistes tchétchènes, ces derniers y voyant une manipulation. À cela s'ajoutent les incursions des troupes de l'indépendantiste wahhabite Chamil Bassaïev dans la République du Daghestan voisine.


Faits
Pour rétablir l'ordre, l'armée russe intervenait une fois encore dans la république séparatiste avec 80 000 hommes le 1er octobre 1999. La seconde guerre (officiellement appelée "opération anti-terroriste") commençait. Ayant rapidement rétabli le champ constitutionnel fédéral dans le nord de la République (les plaines au nord de la rivière Terek), l'opération dans le sud montagneux se solda par un lent succès suite aux combats acharnés. Le bilan fut plus meurtrier que lors du premier conflit. Finalement, après des bombardements intensifs, la ville de Grozny tomba. Vladimir Poutine rétablit l'autorité de Moscou dans la totalité du territoire de la République, mais la guérilla séparatiste continua jusqu'en 2006.

Les statistiques officielles russes recensaient 4 280 morts et 12 368 blessés. Vladimir Poutine affirma que l'armée russe avait tué plus de 13 000 combattants tchétchènes.

La communauté internationale, et en particulier le Conseil de l'Europe, ont demandé de manière timide une solution pacifique. Certains médias internationaux et plusieurs autres associations (dont Amnesty International et le Comité Tchétchénie) ont réclamé de la communauté internationale, et en particulier des gouvernements américains et européens, une action diplomatique auprès du gouvernement russe pour mettre fin à de supposées violations des droits de l'homme imputables aux militaires de l'armée fédérale et des milices tchétchènes pro-fédérales, en absence de recours judiciaires réels. Ils exigèrent également la médiation internationale afin que s'établissent des négociations entre les nouvelles autorités tchétchènes et les séparatistes. Son refus de négocier avec les rebelles, Poutine le justifie par un principe universel : « On ne négocie pas avec les terroristes et les criminels ». Il appelle les occidentaux à ne pas faire preuve de « double morale ».

Immédiatement après la fin des opérations militaires majeures de la Seconde guerre, le président Poutine réaffirma les bases de la nouvelle politique de Moscou en Tchétchénie : transfert du maintien de l’ordre à la milice locale, élection d’un Président et d’un Parlement au suffrage universel, traité de délimitation des pouvoirs entre la Fédération de Russie et la République de Tchétchénie et reconstruction. Environ 7 000 combattants (selon les sources russes, cependant le gouvernement Tchetchene nie toutes ces affirmations) ont été amnistiés. Mais malgré les assurances de normalisation de la part du Kremlin, quelques groupes de combattants séparatistes armés n'ont pas déposé leurs armes et continuent toujours, de façon sporadique, à mener des actes de résistance.

En 2005, plus de 200 combattants indépendantistes ont été désarmés, selon le chef du FSB, Nikolaï Patrouchev. Selon la déclaration du Président tchétchène Alou Alkhanov faite le 25 décembre 2005, la diminution sensible des activités des combattants atteinte en 2005, grâce, notamment, à la neutralisation de leurs chefs, permettrait maintenant de réduire encore les effectifs des forces fédérales dans la République, les organes de l'ordre locaux étant dorénavant aptes à garder la situation en Tchétchénie sous leur contrôle. La mort d'Aslan Maskhadov le 8 mars 2005 a porté un coup dur à la logistique des rebelles. Les attaques contre les forces fédérales prennent de plus en plus un caractère sporadique et moins coordonné.

Après la mort de Sadoullaïev, Dokou Oumarov devient le chef du mouvement séparatiste. En dépit de la mort de plusieurs chefs indépendantistes, les affrontements entre les forces de l'ordre, troupes russes ou milices locales, et la rébellion restent fréquents. Selon une source proche de l'État-major régional des Forces fédérales, il y aurait encore entre 1000 et 1500 combattants séparatistes en activité.

Selon les organisations non-gouvernementales, le nombre de civils qui ont péri pendant les 2 guerres est estimé entre 100 000 et 300 000.

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