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Six films d'horreur au programme de cette troisième série Vintage Classics éditée par Wild side avec trois films de Roger Corman (Un baquet de sang, La petite boutique des horreurs et L'halluciné) qui assura presque à lui tout seul l'émergence du cinéma indépendant américain de série B au tournant des années 60 ; un film de studio d'horreur plus classique mais très efficace et mâtiné de thriller, La nuit de tous les mystères de William Castle et enfin deux chefs-d'oeuvre du film fantastique, La chasse du comte Zaroff d’Ernest B. Schodsak (titre français choisi lors de sa sortie et modifié ensuite en Les chasses du comte Zaroff) et le matriciel Carnaval des âmes de Herk Harvey qui inspira Romero, Lynch et tout récemment encore Yella, le très beau film allemand de Christian Petzold.
La
chasse du comte Zaroff d’Ernest B. Schodsak
Bob Rainsford, un célèbre chasseur, est le seul rescapé d'un naufrage. Il échoue sur une île sur laquelle règne le Comte Zaroff. Lui aussi est un chasseur de talent, mais il s'ennuie. Il confie ne plus s'intéresser qu'au " gibier le plus dangereux ! ". Rainsford réalise que ce gibier n'est autre que l'homme et que lui-même doit relever le défi : se faire traquer sur une île dont il ne peut s'échapper.
Réalisé par Schoedsack, le film est produit par Cooper sous le contrôle de Zelznick qui compte sur ces deux aventuriers pour relancer le studio. C'est le projet de King Kong qui mobilise alors l'énergie des trois hommes mais Schoedsack réussit à tourner celui-ci comme une sorte de banc d'essai. Les décors de l'île, l'équipe technique et l'actrice principale, Fay Wray, sont les mêmes pour les deux films. Le film est centré sur l'affrontement entre Zaroff et Bob Rainsford. Rainsford déclare sur le bateau que la passion de la chasse annime tout autant l'homme que les grands prédateurs félins. C'est seulement la nature qui, séparant en deux chasseurs et gibiers, lui a donné la chance de faire partie des premiers sans jamais avoir à passer du côté des seconds. (voir : critique complète) COMPLEMENT DVD : BLOODLUST !, le remake par Ralph Brooke (1h05)
La
nuit de tous les mystères de William Castle
Les milliardaires sont des gens excentriques, par exemple Frederick Loren. Il a loué une maison que l'on dit hantée et il propose 10 000 dollars à cinq personnes pour y passer la nuit. Mieux encore, il remet à chacun un pistolet dans un écrin en forme de cercueil. Ambiance ! À minuit, les portes se ferment. La nuit commence et va se révéler particulièrement mouvementée...
Un
baquet de sang de Roger Corman
Walter travaille comme serveur dans un bar. Il rêve de devenir un artiste, ne serait ce que pour séduire sa collègue Carla. Sa discipline : la sculpture. Mais les premières tentatives de Walter se révèlent désastreuses. Jusqu'au jour où celui-ci tue un chat par accident, enrobe le corps d'argile pour en faire une statue et rencontre le succès sans naturellement mentionner sa nouvelle technique. Les cadavres vont alors se multiplier, pas uniquement d'animaux...
Avant de se mettre au travail, Roger Corman et son scénariste Charles Griffith ont énormément trainé dans les bars du Sunset Strip de Los Angeles pour observer les beatniks. La publicité jouera sur l'humour noir du film, avec une affiche en forme de bande dessinée, et qu'une salle proposera même - paraît il ! - une entrée gratuite pour celui qui se présenterait au cinéma avec un seau de sang.
La
petite boutique des horreurs de Roger Corman
Les affaires du fleuriste Mushnik ne sont pas brillantes. A tel point qu'il veut se débarrasser de son employé, Seymour. Jusqu'au jour où celui-ci lui montre la plante qu'il a élevée et baptisée "Audrey Junior" en l'honneur d'Audrey sa collègue. La plante, il s'en aperçoit vite, prospère si on la nourrit de sang frais. Pour satisfaire aux appétits d'Audrey, Seymour lui fournit successivement les cadavres d'un veilleur de nuit, d'un dentiste, d'un cambrioleur, ... Mushnik, qui a tout vu, décide de surveiller lui-même la situation. Car les clients se pressent pour observer le végétal qui prend des proportions gigantesques.
Les extérieurs ont été tournés pendant deux week-ends successifs et de façon pittoresque. Corman demande à un magasin de prêter un cercueil (qui se révèle plein !), à des clochards de faire la figuration, et à un conducteur de locomotive de la Southern Pacific Railway - moyennant deux bouteilles de scotch - de reculer un instant pour que l'on puisse filmer la mort du vagabond avec un trucage digne des primitifs du cinéma. Au total quinze minutes de films qui coûtent 1 100$, une misère même pour l'époque. Le film a été distribué un an après par Corman alors qu'il n'y croyait pas et montré en double programme avec un film de Mario Bava. Le bouche à oreille a été plus qu'efficace, et le terme "culte" si souvent galvaudé s'applique vraiment à ce film. La preuve, il aura droit à un spectacle musical à Broadway en 1982 et à une nouvelle version, également musicale, en 1986.
Halluciné
de Roger Corman
Lors de la retraite de Russie en 1812, André Duvalier, jeune lieutenant de la Grande Armée en déroute, s'est égaré. Epuisé, il est secouru par une fort belle jeune femme sur les cotes baltiques. Elle disparaît aussi rapidement qu'elle est apparue. Il apprend qu'il pourra peut être retrouver celle-ci dans le château du Baron Von Leppe, un vieillard qui vit reclus. Il ne s'est jamais remis de la disparition de sa femme 25 ans plus tôt André Duvalier est frappé par la ressemblance de la jeune fille et le portrait de la femme du baron, morte il y a vingt-cinq ans.
Fort de ses décors encore en place, Corman demande à son scénariste de Cry Baby Killer, et par ailleurs comédien, Leo Gordon de lui écrire "quelque chose avec un château comme décor ", et ceci pour la semaine suivante ! Boris Karloff, déjà vedette du Corbeau (l'autre vedette Vincent Price n'est pas disponible), qui incarna aussi le monstre de Frankenstein, approche les 80 ans, et il met toutes les scène en boîte en deux jours. Comme convenu ! Jack Nicholson, tout jeune (26 ans) évolue à l'époque professionnellement dans la galaxie Roger Corman, il se voit confié un de ses rôles les plus importants du moment, de surcroît - et à sa suggestion - aux côtés de sa femme, l'actrice Shirley Knight (dont il divorcera en 1968). Le tournage du film va ensuite partir très vite en vrille, son tournage s'effectue alors par petits bouts sur 3 mois. Y participent Francis Coppola (qui part filmer à Big Sur les scènes censées se dérouler sur la Baltique), Jack Hill, Monte Hellman, sans oublier Jack Nicholson en personne qui déclare vers la fin des prises "Et pourquoi pas moi ? " et qui se met lui même à réaliser Le film part dans des directions différentes à chaque réalisateur, en fonction des idées et des sensibilités de chacun, ce qui procure au film un ton singulier.
Le
carnaval des âmes de Herk Harvey
Marie Henry est une organiste professionnelle. Elle n'aurait pas dû accepter de se lancer dans une course de voiture improvisée. Son véhicule bascule dans une rivière. Ses deux passagères se noient, tandis qu'elle ne parvient à en réchapper que par miracle. Mais à compter de ce moment, les éléments étranges se succèdent. Ils deviennent de plus en plus inquiétants lorsque Mary accepte un travail dans une église de Salt Lake City.
Même si Carnival of Souls est sorti de façon modeste en 1962 dans le circuit des drive-in, son influence se révèlera aussi considérable que progressive. On la retrouve aussi bien dans La nuit des morts vivants qu'Eraserhead de David Lynch ou dans Répulsion de Roman Polanski. Une sorte de chaînon manquant entre Tourneur et Romero !
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présente
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Vintage Classics, 3ème série
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